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Tambours d’or, clairons d’or, sonnez par les campagnes !
Orgueil, étends sur eux tes deux ailes de fer !
Ce qui vient d’eux est pur comme l’eau des montagnes,
Et fort comme le vent qui souffle sur la mer !

Sur leurs pas l’allégresse éclate en jeunes rires,
La terre se colore aux feux divins du jour.
Le vent chante à travers les cordes de leurs lyres,
Et le cœur de la rose a des larmes d’amour.

Là-bas, vers l’horizon roulant des vapeurs roses.
Vers les hauteurs où vibre un éblouissement.
Ivres de s’avancer dans la beauté des choses.
Et d’être à chaque pas plus près du firmament ;

Vers les sommets tachés d’écumes de lumière
Où piaffent, tout fumans, les chevaux du soleil,
Plus haut, plus haut toujours, vers la cime dernière
Au seuil de l’Empyrée effrayant et vermeil ;

Ils vont, ils vont, portés par un souffle de flamme...
Et l’Espérance, triste avec des yeux divins,
Si pâle sous son noir manteau de pauvre femme,
Un jour encore, au ciel lève ses vieilles mains !







Pieds nus, manteaux flottans dans la brise, à l’aurore,
Tels, un jour, sont partis les enfans ingénus.
Le cœur vierge, les mains pures, l’âme sonore...
Oh ! comme il faisait soir, quand ils sont revenus !

Pareils aux émigrans dévorés par les fièvres,
Ils vont, l’haleine courte et le geste incertain.
Sombres, l’envie au foie et l’ironie aux lèvres ;
Et leur sourire est las comme un feu qui s’éteint.