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des écoles militaires spéciales pour les officiers hongrois : il accepte le Compromis, en souhaitant de le voir modifier à l’avantage de la Hongrie. Il est comme le Centre gauche du parti de l’indépendance, cette extrême gauche ; un grand seigneur, un grand propriétaire aussi, le comte Alexandre Károlyi et ses agrariens le relient au parti catholique du peuple, ainsi que, de l’autre côté, la fraction Ugron y reliait le parti de l’indépendance, avant qu’entre M. Kossuth et M. Ugron, le fil ait été coupé par le sabre. Au-dessus des partis, mais l’un des champions néanmoins et l’une des réserves du parti libéral, plane M. de Szilágyi, président de la Chambre. M. de Szilágyi est peut-être, avec M. de Kállay, une des personnalités les plus originales de la Monarchie austro-hongroise : une de celles qui laissent le plus une impression de force, et dans lesquelles on sente se recueillir, se condenser, se concentrer et battre, pour ainsi dire, une vie capable de faire vivre un grand État. Bien carrément campé dans son fauteuil présidentiel, ayant le geste prompt, brusque et catégorique, il incarne l’autorité et inspire la sécurité ; il sait manier, avec une vigueur et une colère efficaces, les foudres dont sa droite est armée ; et justement il ne lui manque, à ce qu’on affirme, qu’un peu d’égalité d’humeur et de sérénité olympienne.

Mais, parti de l’indépendance ou parti national, ou quelque parti hongrois que ce soit, il n’y a dans les Chambres hongroises que des partis hongrois. Qui veut connaître la Hongrie politique doit tout ramener à l’idée de l’État hongrois et de la nation hongroise : dans le magyarisme, entre Magyars, il n’y a pas de dissidence. Ce n’est pas seulement comme fils jaloux de perpétuer l’œuvre de son père, que le comte Jules Andrássy proclame que l’Autriche est nécessaire à la Hongrie, et que la Hongrie perdrait beaucoup à déchirer le Compromis : c’est comme Magyar ; et la majorité, l’unanimité des Magyars repousse la vision d’une Hongrie séparée de l’Autriche, obtînt-elle en compensation l’hégémonie dans une confédération des peuples des Balkans. Discuter sur les bénéfices et les charges, sur la forme et l’intimité de l’union ; agiter la question de savoir si elle continuera d’être réelle ou se relâchera peu à peu jusqu’à n’être plus qu’une union à peu près personnelle ; tâcher de s’y installer commodément et d’y occuper la première place, en reléguant l’Autriche au second plan ; faire de l’Autriche-Hongrie une Hongrie-Autriche : à merveille