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des produits manufacturés et industriels, ont amené une hausse des prix de nombreuses matières premières et d’objets fabriqués. » On revient au dividende de 10 pour 100, en dépit des menaces de la nouvelle législation sur la bourse, que le même rapport caractérise avec autant de sagesse que d’élévation : « Naturellement, disent les directeurs, aucun des effets annoncés par les partisans de la loi ne se produira : une organisation internationale ne saurait être influencée par des lois qui n’ont d’effet que sur un terrain relativement restreint ; le désir de spéculer ne décroîtra pas chez le public, parce qu’on aura diminué le nombre des objets sur lesquels la spéculation peut s’exercer ou changé la forme dans laquelle elle s’exerce. Ce n’est pas non plus la réduction du nombre des transactions, amenée par l’interdiction des marchés à terme, qui assurera une moyenne de prix plus régulière aux céréales ; la qualité des actions et des obligations offertes au public ne sera pas modifiée par le fait que l’émission sur territoire allemand en est entourée de difficultés ou même prohibée. Des mesures de ce genre parviennent tout au plus à priver le commerce et l’industrie de la liberté de leurs mouvemens à l’intérieur, et à affaiblir l’influence politique de l’Allemagne au dehors. Le seul effet inévitable qui se produira d’une façon permanente sur les bourses sera que, seuls, les organismes pourvus de gros capitaux pourront satisfaire aux exigences de la loi nouvelle, et que les maisons plus faibles disparaîtront peu à peu. »

Dès 1895 , la Deutsche Bank voyait le volume de ses comptes débiteurs s’accroître notablement, et le chiffre de ses commissions grandir en proportion. En effet, les opérations à terme étant prohibées non seulement sur les céréales, mais sur un grand nombre d’actions industrielles, les cliens, désireux d’opérer sur ces derniers titres, viennent s’adresser à une banque qui les achète pour eux au comptant et leur consent en même temps une avance sur la valeur, jusqu’au jour de la réalisation ou du versement des fonds par l’acheteur. C’est une façon indirecte de rétablir pour le client l’opération à terme, interdite sous sa forme simple. En vue des capitaux importans que ce nouvel emploi va absorber, la Deutsche Bank porte, en novembre 1895 , son capital à 100 millions de marks (125 millions de francs) par l’émission, au cours de 150 pour 100, de 25 millions de marks d’actions nouvelles, que les anciens actionnaires souscrivent à peu près intégralement. En cette même année, la Banque allemande d’outre-mer