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au-dessous de celle de la Russie, de la Serbie et même de la Roumanie.

L’occident de l’Europe, c’est-à-dire les contrées le plus anciennement en possession de la richesse ou de l’aisance, de l’indépendance individuelle, des habitudes et des goûts démocratiques, offre un tableau tout différent. Non seulement la natalité est beaucoup moindre qu’à l’orient ou au midi, mais dans tous les pays de ce groupe, à savoir la Hollande, la Belgique, la Suisse, l’Angleterre et la France, elle se présente avec un recul des plus accentués si l’on compare les années récentes à celles qui les ont précédées. Les Pays-Bas (Hollande), la contrée où le recul de la natalité, quoique très sensible, est le moins accentué de ce groupe, jouissaient d’une natalité forte il y a vingt ans encore, à peu près égale à celle de l’Allemagne, 36 et demi pour 1 000 environ comme moyenne annuelle dans la période 1874 à 1879 ; graduellement, cette natalité a singulièrement faibli ; on n’enregistre plus que 34, 2 pour 1 000 comme moyenne des années 1883 à 1888, et à peine 33 pour 1 000 pour les années 1889 à 1894 ; il y a donc eu un recul de 10 pour 100 environ en une vingtaine d’années : néanmoins, ce taux de 33 pour 1 000, quoique bien inférieur à celui de toutes les contrées situées plus à l’est, les pays Scandinaves seuls exceptés, est encore passablement élevé.

Il n’en est pas de même de la Belgique, de la Suisse, de la Grande-Bretagne et surtout, naturellement, de la France. En Belgique, dans la période de 1831 à 1840, la natalité n’était tombée qu’une fois (en 1832, année de choléra) au-dessous de 33 pour 1 000 ; elle dépassa une année 34 et une autre année 35 ; elle commença de s’affaiblir dans la décade suivante (1841 à 1850) ; néanmoins, sauf les années de famine ou de révolution (1846, 1847 et 1848), elle se tenait toujours au-dessus de 30 et le plus fréquemment au-dessus de 31 pour 1 000. Dans les années 1871 à 1882, jamais la natalité belge ne tombe au-dessous de 31, et elle s’élève le plus souvent au-dessus de 32, dépasse même une fois 33 ; mais à partir de 1883, il se produit un changement sensible et qui s’accentue ; jamais depuis lors la natalité belge n’est remontée à 31 pour 1 000 ; depuis 1886 même elle n’a plus atteint une seule fois 30 pour 1 000 et, dans les années les plus récentes, 1890 à 1891, elle est le plus souvent un peu au-dessous de 29 pour 1 000, ce qui équivaut à peu près à la natalité française dans la première partie du règne de Louis-Philippe. Ainsi, en Belgique, la natalité a diminué de le pour 100 environ relativement à la période de 1831 à 1840 et