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figurent est d’un beau style. Et comme il y en a plusieurs sur de superbes tombeaux du Ier siècle, on peut en conclure qu’il y avait alors à Palmyre une sorte de splendeur architectonique. Le travail des temps antérieurs n’y avait pas peu contribué. Par son plan, tout au moins, la ville est macédonienne. On verra que ses édifices sont de caractère hellénique. Il est donc permis de penser qu’elle était plus ancienne qu’on ne le croit d’ordinaire et qu’elle tenait de plus près au règne des rois syriens.

L’épigraphie nous renseigne encore sur des faits qui intéressent grandement notre sujet. Un des plus importans est le séjour que fit Adrien à Palmyre en l’année 129. À cette occasion, une statue fut élevée à un certain Agrippa qui avait distribué de l’huile aux soldats, aux habitans et aux étrangers, et avait restauré à ses frais le temple de Baal Schamin. Le temple existe encore, et la dédicace de la figure est écrite sur une des colonnes de son frontispice. Mais au passage d’Adrien s’attache un souvenir de plus de conséquence : la ville prit alors le nom d’Adrianè. L’empereur l’aurait restaurée, ou plutôt aurait été considéré comme son second fondateur ; et cela est confirmé par Etienne de Byzance. Tout en admettant que la flatterie entre pour beaucoup dans cet hommage, néanmoins une étude attentive des ruines de Palmyre pourra nous apprendre un jour dans quelle mesure Adrien avait pourvu à cette réfection et y avait porté le goût romain. Ce qu’on doit remarquer c’est qu’il y a, sur les principaux édifices, un grand nombre d’inscriptions immédiatement postérieures au voyage de l’empereur. C’est ainsi que l’on voit deux Palmyréniens contribuer à l’embellissement de la cité. On leur a dressé des statues. L’un avait fait don de sept colonnes avec leurs ornemens et leurs balustrades de bronze ; était-ce une restauration ? L’autre avait érigé, en l’honneur de deux divinités indigènes, six colonnes avec leur architrave et leur enduit coloré. La colonne semble avoir été l’élément architectonique préféré des Palmyréniens. Quelques-unes étaient isolées et avaient un caractère de consécration.

C’est une question de savoir à quelle époque Palmyre reçut le titre de colonie romaine. La Syrie avait été érigée en province dès l’an 64 avant Jésus-Christ. La Palmyrène faisait partie de la Syro-Phénicie ; mais nous apprenons qu’en 114 la qualification de ses magistrats était grecque et non pas latine. Le fait, en lui-même, n’est pas indifférent ; il montre ce que pouvait être le pays quand Adrien le visita : il était autonome. Il est probable que ce