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UN PEUPLE OUBLIÉ
LES SIKÈLES

On commence à savoir, en dehors même du cercle étroit des érudits de profession, comment, depuis vingt-cinq ans, les découvertes de Schliemann ont modifié l’idée que l’on se faisait jusqu’alors des origines de la Grèce et ce qu’elles ont, dans ce domaine, ajouté à nos connaissances. Ses fouilles et celles de ses collaborateurs, MM. Doerpfeld, Stamatakis, Tsoundas, Staïs et Duemmler, ont dégagé toute une civilisation jusqu’alors ignorée, celle que l’on appelle tantôt la civilisation Egéenne, du nom de la mer dont les rivages l’ont vue se développer, tantôt la civilisation Mycénienne, parce que c’est surtout à Mycènes que les monumens en ont été retrouvés, parce que cette ville paraît avoir été la capitale du plus puissant des royaumes entre lesquels se partageait alors la péninsule hellénique, — hypothèse que confirme l’épopée, par le rôle qu’elle assigne aux princes de Mycènes et par le souvenir qu’elle a gardé de leur prodigieuse opulence. — Grâce aux tombes où se sont couchées ces générations lointaines et aux objets de toute nature qui y ont été déposés, on a pu reconstituer presque toute la vie de ces tribus, définir leurs industries, mesurer le degré de culture et d’habileté professionnelle qu’elles avaient atteint ; on arrive à présenter, du régime auquel elles étaient soumises, de leurs mœurs et de leurs habitudes, un tableau dont les lignes deviennent plus précises et les couleurs plus vives à mesure que se multiplient les trouvailles. Grâce aux