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l’y soustraire en le recueillant dans l’enceinte même du Vatican. D’ailleurs, nul n’ignorait combien la position des évêques poursuivis en Prusse était difficile, même au-delà des frontières de l’empire ; on savait que l’archevêque de Cologne, par exemple, était obligé de cacher soigneusement la retraite qu’il s’était choisie en Hollande.


III

Au mois de mai 1883, en réponse aux éclaircissemens fournis à M. de Schlœzer par le cardinal Jacobini, le cabinet de Berlin émit la prétention d’obtenir tout d’abord le consentement du Pape à l’Anzeigepflicht, pour les curés, les chanoines et les vicaires généraux, en échange de la suppression des pénalités dont étaient passibles, aux termes d’une des lois de Mai, les prêtres qui célébraient la messe et administraient les sacremens sans y être autorisés par l’Etat. Le Saint-Siège ne crut pas devoir suivre la diplomatie prussienne sur ce nouveau terrain de négociation.

Néanmoins M. de Schlœzer, loin de se décourager, redoublait d’efforts pour convertir l’entourage du Pape à l’idée d’une entente cordiale et confiante avec l’Allemagne. Le bruit s’étant alors répandu que Léon XIII songeait à exprimer à la France ses inquiétudes au sujet des mesures de rigueur prises par le gouvernement de la République contre le clergé, le langage du ministre de Prusse s’était subitement adouci ; il entretenait maintenant le secrétaire d’Etat de son vif désir de voir le Pape seconder les pensées de conciliation qui se faisaient jour à Berlin. Il faisait ressortir la situation paisible dont jouissait l’Église catholique en Allemagne malgré les lois de Mai, et les attaques dont, au contraire, les ministres de la religion étaient l’objet à Paris. « Vous désirez donc nous voir nous brouiller avec la France ? » lui avait répondu le cardinal Jacobini. Le ministre de Prusse s’était défendu d’une pensée si noire, mais il avait ajouté que si le Pape, tout en supportant les amertumes que nous lui infligions, continuait de tenir rigueur à l’Allemagne, il serait bien difficile de ne pas attribuer cette manière de procéder à une malveillance notoire contre le cabinet de Berlin.

Cependant il était bien clair que demander au Souverain Pontife, comme le faisait la note prussienne du 5 mai, l’Anzeigepflicht, même limité, en proposant purement et simplement en échange