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des habits. » Ces nouveaux honneurs ne faisaient cependant pas oublier à la Princesse ses petites amies de Saint-Cyr. Elle voulut se faire voir à elles dans son costume de mariée. Le 9, elle se rendit à Saint-Cyr et y fut reçue en grande pompe. On la conduisit d’abord à la chapelle, où on chanta un Te Deum. Puis les demoiselles récitèrent devant elle un chœur composé pour la circonstance sur le plan des chœurs d’Esther, mais dont la poésie, œuvre des dames, ne laissait pas d’être inférieure :


Que tout favorise
Les augustes nœuds
Par qui s’éternise
Ton sang glorieux !


chantait une voix ;


D’un hymen si doux nos neveux
Attendent des rois qui les rendent heureux,


répondaient deux voix, et le chœur reprenait :


Répands sur tes enfans les rayons de ta gloire.
Que le destin du monde en leurs mains soit remis.
Qu’ils détruisent tes ennemis,
Que leurs vertus retracent ta mémoire[1].


Le 10, les deux jeunes époux soupèrent ensemble dans les appartemens de Mme de Main tenon. Le 11 et le 14 il y eut deux grands bals, fort magnifiques par l’assistance et par les habits. Le premier, organisé par le duc d’Aumont, comme gentilhomme de la chambre, donna lieu à un désordre affreux. Le second se passa mieux. Au premier bal « l’habit de la duchesse de Bourgogne étoit d’une étoffe d’or avec une garniture de diamans, dans laquelle, ainsi que dans sa coiffure « entroient les plus beaux diamans de la couronne. » Au second, « son habit étoit de velours noir tout couvert de diamans ; ses cheveux étoient nattés de perles, et tout le reste de sa coiffure étoit si rempli de diamans qu’on peut dire sans exagération que la vue en pouvait à peine supporter l’éclat. » Le duc et la duchesse de Bourgogne, après avoir ouvert le bal en menant le branle, dansèrent ensemble la première courante, et tout le monde en fut charmé. La duchesse de Bourgogne se fit particulièrement admirer dans le menuet et le passe-pied.

  1. Lavallée, Mme de Maintenon et la Maison royale de Saint-Cyr, p. 225.