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REVUE DRAMATIQUE

A la Renaissance, Snob, comédie en quatre actes, de M. Gustave Guiches; La Samaritaine, « évangile en trois tableaux », de M. Edmond Rostand; — A la Porte-Saint-Martin, La Montagne enchantée, « pièce fantastique », de MM. Emile Moreau et Albert Carré.

J’ai naguère tenté, comme tout le monde, ma définition du «snob ». Mais, pour ne me point répéter, je vous donnerai ici celle d’un jeune écrivain fort spirituel, M. Pierre Veber. Je l’emprunte à un roman dialogué, qui s’intitule précisément Chez les Snobs, et qui me plaît par un très heureux mélange d’observation griffante et de fantaisie bouffonne. «... On peut dire que les snobs sont ceux qui, en tout, portent la dernière « dernière mode »..., mais c’est insuffisant. Ce sont aussi, vous dira-t-on, les gens qui veulent tout comprendre ou, chose bien différente, paraître tout comprendre ; ce n’est pas encore suffisant. Ce sont les « chercheurs d’inédit » peut-être, à moins qu’ils ne soient les « suiveurs d’inédit ». Ce sont ceux qui n’estiment que le rare et le précieux, et tombent ainsi dans l’extravagant ; ce sont les badauds qui se laissent égarer par une réclame bien machinée ; ce sont aussi les crédules qui se prennent à toute affectation d’étrangeté et de cosmopolitisme. Mais ce n’est pas encore cela, et n’y a de tout cela. C’est un état d’âme assez nouveau, indéfinissable, pour lequel il a fallu un nouveau mot : les snobs sont les snobs, voilà ! »

M. Pierre Veber définit spécialement ici, et fort bien, le snobisme artistique et littéraire des gens du monde. Mais il a tort de croire à la nouveauté du snobisme, chose très humaine, et très vieille par conséquent. Tout ce qu’on peut dire, c’est que le snobisme, — comme le « cabotinage » et la folie d’exhibition qui en sont des corollaires, — s’est développé de nos jours dans la mesure où s’est perfectionné l’outillage