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celle de France. Il est bien difficile de porter à distance un jugement sur de tels événemens; aussi me tairai-je de peur de censurer mal à propos. »

L’exil de la reine et son éloignement des affaires étaient définitifs, et le travail dont Rubens s’était promis tant d’honneur devenait désormais sans objet. Toutes les espérances de l’artiste étaient anéanties. Non seulement, en effet, les peintures de la galerie d’Henri IV sont demeurées inachevées, mais plusieurs des toiles ébauchées par le maître et qu’il garda jusqu’à sa mort dans son atelier ont aujourd’hui disparu. Il est donc impossible de reconstituer l’ensemble de la décoration telle qu’il l’avait projetée; mais, à raison de la symétrie qu’elle devait présenter avec la galerie déjà faite, elle aurait vraisemblablement contenu, comme cette dernière, vingt-quatre tableaux, y compris les portraits du roi et de ses parens. Des dix-huit compositions restantes, sept seulement nous ont été conservées et parmi elles deux des trois grandes toiles servant de pendans à celles de mêmes dimensions dans la galerie de Médicis : la Bataille d’Ivry et l’Entrée triomphale d’Henri IV à Paris qui appartiennent an Musée des Uffizi, ainsi que l’esquisse en petit de la troisième et la Prise de Paris du musée de Berlin. Pour les autres esquisses connues, trois font partie de la collection de sir Richard Wallace : la Naissance d’Henri IV, le Mariage de Marie de Médicis et d’Henri IV, et l’Entrée triomphale à Paris, dont lord Darnley possède à Cobham-Hall une variante plus conforme au tableau exécuté. Trois autres esquisses se trouvent dans la galerie Liechtenstein : une dont le sujet est incertain, la Bataille de Coutras et Henri IV saisissant l’occasion par les cheveux; de cette dernière, assez modifiée, Rubens a tiré les élémens d’un tableau important et très remarquable, acheté récemment en Écosse par M. Miethke, de Vienne. Enfin, M. Léon Bonnat possède également une esquisse de la Bataille d’Ivry.

Ces diverses esquisses, en général moins arrêtées que celles de la galerie de Médicis, sont aussi plus vivement et plus librement enlevées. Celles qui appartiennent au prince Liechtenstein sont conçues toutes trois d’une manière très originale. Des figures allégoriques placées à la partie inférieure servent à caractériser les sujets qui, encadrés par des amours et des guirlandes de fleurs ou de fruits, forment, au centre, des médaillons avec des personnages de proportions plus réduites. Cette disposition très fantaisiste