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Chartered. Il est probable qu’avant peu d’années il le sera redevenu ; il ressemble moins sans doute, par ses procédés, à George Washington qu’à un homme d’État plus moderne, le prince de Bismarck, mais c’est un impérialiste ardent et convaincu : il a voulu entraîner par la force sous la domination britannique la République Sud-Africaine ; il n’y a point réussi. Il avait obtenu de plus heureux résultats en traitant doucement l’État libre d’Orange qui a formé avec le Cap une union douanière et dont les chemins de fer avaient été construits et étaient exploités par le gouvernement de la colonie. Peu à peu, il semblait que cette République et sans doute aussi le Transvaal, — lorsque l’infatigable mais vieux lutteur, le président Krüger, aurait disparu de la scène du monde, — dussent être entraînées dans l’orbite de la Grande-Bretagne sous une sorte de protectorat. Aujourd’hui ces résultats sont remis en question pour fort longtemps. Mais en dehors des deux États Boers, il n’y a de pouvoir important dans l’Afrique du Sud que la colonie du Cap. La question de fédération impériale n’est point compliquée ici comme en Océanie par la nécessité préalable d’une union entre les diverses dépendances anglaises.


V

Le règlement des difficultés locales, qui sont, nous l’avons vu, fort sérieuses, en Australie, une fois opéré, un pas important serait fait dans la voie de la fédération impériale. Le second et le plus considérable serait, comme l’indiquait M. Chamberlain, l’établissement d’une union commerciale plus ou moins parfaite entre les diverses parties de l’empire. Comment donc ont été accueillies, dans les colonies, les suggestions faites pas le ministre dans son retentissant discours au Congrès des Chambres de commerce ?

Elles n’ont point paru provoquer l’enthousiasme auquel il s’attendait peut-être. Le premier ministre de Victoria, notamment, a déclaré, avec la franchise des hommes d’État des pays neufs qu’une très forte réduction des droits d’entrée sur les produits britanniques lui paraissait inacceptable. Pour se rendre compte des dispositions si différentes avec lesquelles on envisage dans le Royaume-Uni et dans ses colonies, la question des tarifs douaniers, il suffit de jeter un coup d’œil sur la répartition entre les divers pays du commerce extérieur dans la métropole et dans ses dépendances. Nous résumons ces faits dans deux courts tableaux