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le système proposé : la classe ancienne étant libérée à la fin de septembre à l’issue des manœuvres d’automne, la jeune classe serait appelée au mois de juin : les cadres sont suffisans, notamment dans l’infanterie et l’artillerie, pour permettre de commencer le débourrage des recrues à cette époque, sans gêner l’instruction générale des corps.


VIII. — L’ARMÉE COLONIALE ET LE NOUVEAU SYSTÈME DE RECRUTEMENT

Il est facile d’établir par le calcul que les réserves créées par l’application du nouveau système de recrutement proposé contiendront un nombre relativement élevé de réservistes anciens soldats, provenant, soit des vétérans, soit des rengagés, soit des engagés volontaires. Ce nombre dépassera sensiblement le chiffre de 300 000 vétérans réservistes.

Ces hommes ont tous de 25 à 45 ans, ils sont dans la force de l’âge et rompus au métier militaire, grâce aux nombreuses années qu’ils ont passées sous les drapeaux ; ils en ont gardé l’esprit, et très probablement ne demanderont qu’à reprendre du service, si on leur fait des avantages pécuniaires suffisans.

Or, c’est dans la création d’une réserve semblable, d’une réserve solide et d’anciens soldats que réside la solution si controversée de l’armée coloniale. Dans les projets actuellement en discussion, on est à côté de la question ; on se querelle sur les mots « l’autonomie, de passage à la guerre, aux colonies, etc., sans chercher à résoudre le point essentiel de l’organisation nouvelle, qui est le suivant : créer, pour toutes les troupes à destination coloniale, une réserve dont elles puissent, à un moment donné, tirer des élémens robustes, aguerris et suffisans pour former un corps expéditionnaire solide, sans toucher aux troupes actives des corps d’armée de la métropole.

Le nouveau système de recrutement donne la solution de cette question. Qu’on rattache les troupes destinées à la garde et à la défense des colonies au département de la guerre ; qu’elles constituent le prolongement des corps d’armée maritimes, auxquelles elles appartiendront ; qu’elles puissent, en cas d’expédition à gros effectif, former leurs unités au complet de guerre par l’appel de volontaires réservistes puisés dans les réserves de vétérans de l’armée : tout ceci n’est-il pas simple, logique et d’une exécution facile ? Peu importe qu’on appelle les régimens destinés aux colonies, régimens coloniaux ou régimens de marine ; le point essentiel est de les rattacher à l’armée continentale pour leur permettre de s’alimenter, le cas échéant, dans les réserves