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désorganisés ou encore inexpérimentés qui pourront assurer dans de bonnes conditions l’encadrement des réserves et la formation des élémens de seconde ligne ?

On semble supposer en principe que la guerre ne sera déclarée qu’au printemps ou en été ; or, rien n’est moins sûr, et la nation qui aura l’initiative de l’attaque et par suite de la préparation, profitera évidemment du moment de crise que traverse l’armée française pendant la période d’hiver pour rappeler ses recrues, se mobiliser pour ainsi dire en silence, sans qu’en France on puisse ou l’on ose répondre, par des mesures analogues, à ces préparatifs menaçans. Les manœuvres d’hiver qui ont été exécutées en Allemagne pendant les années 1893-1894 et 1894-1895, notamment en Alsace-Lorraine, celles que l’empereur de Russie a prescrites, pendant la période s’étendant du 15 janvier au 15 mars dernier, semblent indiquer qu’on se préoccupe un peu partout de l’éventualité d’une mobilisation d’hiver.

Il faut donc, à tout prix, supprimer cet état critique, dans lequel se trouve, en cette saison, l’armée française et ne renvoyer les hommes d’une classe que lorsque les recrues de la classe remplaçante sont en état de figurer dans le rang. En un mot, dans le jeu de renvoi et d’appel des classes, il ne faut pas qu’il y ait juxtaposition et à plus forte raison séparation, comme cela a lieu actuellement, mais bien superposition.

D’après le nouveau système de recrutement proposé, l’appelé de chaque contingent ne fera pas douze mois de service, mais bien quinze mois, les recrues d’une classe nouvelle arrivant sous les drapeaux à la fin des douze premiers mois de service des hommes de la classe précédente. Ces recrues auront ainsi trois mois de service au moment de la libération de leurs aînés et pourront les remplacer dans le rang, sans faire trop mauvaise figure. Il résulte de cette disposition un accroissement d’effectif budgétaire et par suite une dépense supplémentaire correspondant à l’entretien sous les drapeaux pendant trois mois de tout un contingent de 248 000 hommes, ou pendant un an de 62 000 hommes, soit environ 25 000 000 de francs.

On peut faire face à cette dépense supplémentaire par des réductions sur certains personnels de l’armée et même certains corps actuellement trop bien dotés pour le temps de paix.

Ainsi, le train des équipages comprend au budget de 1896 :

390 officiers,
11 810 hommes de troupe,
8 991 chevaux ou mulets.