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TERRE D'ESPAGNE

IV[1]
LISBONNE — CORDOUE — GRENADE — GIBRALTAR


DE MADRID A LISBONNE. — LE MARCHÉ. — LA VILLE


Lisbonne, 9 octobre.

Nous montons dans le Sud Express à 11 heures du soir. Le train a été réduit autant que possible. Il ne se compose plus que de trois voitures, dont un wagon-restaurant et un fourgon. Nous sommes huit ou neuf voyageurs. Je ne compte pas, dans le nombre, une mouche élégante, verte et or, que j’aperçois grimpant sur la vitre de ma chambre à coucher. Ma première pensée a été de la chasser. J’ai réfléchi qu’elle avait sans doute pris le Sud Express à Paris, qu’elle avait peut-être des projets d’hivernage, et que nous verrions bien.

Dix-sept heures de route par le plus rapide des trains! Les express ordinaires mettent vingt et une heure et demie : ce sont de gros chiffres. J’ai besoin de me répéter, en attendant le sommeil, que la Compagnie internationale a rendu le voyage moins long, bien moins énervant, et que, libre, elle eût mieux fait encore. Le train est bientôt lancé à belle allure; il coule sur les rails, presque sans un frémissement ; la nuit grise, un peu laiteuse, couvre des plaines d’une désolation sans pareille : je m’endors

  1. Voyez la Revue du 1er février, du 1er mars et du 1er avril.