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LE HAVRE
ET LA SEINE MARITIME

Le 1er janvier de l’an de grâce 1517, le roi François Ier donnait commission à Bonnivet, grand amiral de France, de construire, à l’embouchure de la Seine, le port que les écrivains du règne suivant appelèrent Inexpagnabilis Neoportus, vulgo Hableneuf aut Hable de Grâce. Bonnivet chargea de la direction de ce travail le chevalier Guyon le Roy, sire du Chaillou, capitaine de Honfleur, homme ardent, avisé, et pas plus mauvais ingénieur que tel Italien qui fût venu de Lombardie. Jean Gaulvin, bourgeois de Harfleur, et Michel Ferey, maître des ouvrages de Honfleur, déclarés adjudicataires à raison de 22 livres 10 sols la toise carrée, après une messe pieusement entendue en la chapelle de Grâce, se mettaient à l’œuvre le 13 avril de cette même année 1517. Quand trois ans après, revenant du camp du Drap d’or, François Ier fit au Havre l’honneur d’une visite royale, le port contenait déjà plusieurs grands navires.

Les choses allaient plus vite alors qu’aujourd’hui. Il ne s’agit plus cependant de créer le port du Havre. Mais il y a nécessité reconnue depuis longtemps de l’améliorer pour le mettre en mesure de satisfaire aux exigences de la marine moderne, et de soutenir, pour le plus grand bien du commerce, la concurrence des ports étrangers. Il y a plus de sept ans que le gouvernement a soumis au Parlement le programme des travaux jugés indispensables pour atteindre ce but : depuis sept ans, les ministères ont succédé aux ministères, les Chambres se sont renouvelées ; les autres ports, Liverpool, Anvers, Rotterdam, Amsterdam, Hambourg et Brème, pour ne parler que des voisins, se sont déve-