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et de la formation en une seule vaste possession de l’Algérie-Tunisie, du Sénégal et du Congo, M. Harry Alis.

Dans le nombre de tous ces voyageurs intrépides qui accomplirent ou tentèrent d’accomplir quelque chose pour l’expansion française, quelle plus attachante odyssée que celle de ce jeune duc d’Uzès qui, âgé de moins de vingt-cinq ans, possesseur d’un beau nom et d’une grande fortune, d’un caractère résolu et bien digne d’une race de preux, avait décidé de mettre toutes ses forces au service de son pays en tentant de relier le Congo à l’Egypte au travers des régions musulmanes et par l’Abyssinie. C’est pour exécuter ce projet qu’il avait entrepris, avec l’appui national, cette longue et pénible expédition qui, après quatorze mois de fatigues et de luttes, devait si tristement finir par le dénouement tragique de Cabinda. On voit par toutes ses lettres à sa mère[1], durant cette période qui va de 1892 à 1893, et qu’il dépêche après chaque étape, combien la tâche lui apparaissait élevée et à quel point il se préoccupait de l’honneur qui devait en rejaillir sur les siens. Mais du moins, si l’œuvre à laquelle il avait rêvé d’attacher son nom est restée inachevée, il a laissé un grand souvenir aux siens et le plus noble exemple à ceux qui viendront après lui.

Parmi les expéditions qui ont apporté une contribution des plus précieuses à la géographie de l’Afrique, il faut placer, après celles de la France, celle du docteur Peters, qui fut chargé par l’Allemagne de la périlleuse mission de se porter au secours d’Emin-Pacha[2], qui, parti de Zanzibar, traversa, pour le rejoindre, le pays des Somalis, le pays des Galla et des Massai jusqu’au lac Baringo et au lac Victoria Nyanza. Ayant appris de quelle façon violente Stanley avait emmené Emin-Pacha à la date du 5 avril 1889, le docteur Peters avait pacifié l’Ouganda et remonté jusqu’à Ousoukoma, faisant connaître des peuplades ignorées jusque-là. Cet intéressant voyage a été traduit de la relation allemande par M. Jules Gourdault, qui, lui aussi, a souvent contribué à enrichir de ses souvenirs la Bibliothèque des voyages de la maison Hachette.

Au Dahomey[3] est le récit toujours alerte, mais tour à tour gai ou tragique, de la campagne du Dahomey par un soldat d’infanterie de marine qui a combattu sous les ordres du général Dodds et nous fait pénétrer avec lui dans la brousse à Porto Novo, comme à Abomey.

Ne quittons pas l’Afrique sans parler du voyage d’Alger à Tanger[4]

  1. Le Voyage de mon fils an Congo, par la duchesse d’Uzès, 1 vol. gr. in-8o, illustré ; Plon et Nourrit.
  2. Au secours d’Emin-Pacha, par le Dr Peters, traduit de l’allemand par Jules Gourdault; Hachette.
  3. Au Dahomey, par Adolphe Badin, 1 vol. in-8o illustré par P. Kauffmann : Armand Colin.
  4. Autour de la Méditerranée. — D’Alger à Tanger, par M. Marins Bernard, 1 vol. gr. in-8o; Laurens.