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se soumettre[1] ; on pourrait, grâce à la pacification de la Vendée, qui était proche et certaine, appliquer les décrets de mobilisation aux départemens de l’Ouest, et il serait enfin loisible de décréter de nouvelles levées dans les si patriotes départemens de l’Est[2]. Pour le second ban de la milice, on n’en pressa point l’organisation, sauf à Paris et à Lyon. Quand le temps et les armes manquaient pour former les bataillons mobilisés, ce n’était pas l’heure de multiplier les bataillons sédentaires qui, en raison des services très pacifiques qu’ils pouvaient rendre, étaient déjà assez nombreux.

Dans la masse des citoyens de 40 à 60 ans, il y avait cependant beaucoup d’hommes très bons à employer contre l’ennemi, au moins pour la défense des places fortes. C’étaient les anciens officiers, sous-officiers et soldats retraités après un minimum de 24 ans de service. Dès le mois d’avril, plusieurs officiers retraités avaient demandé à rentrer dans l’armée; mais il y avait déjà trop d’officiers à la demi-solde que l’on ne pouvait pas utiliser. Davout pensa à former avec les officiers et soldats retraités des bataillons de vétérans pour les places de guerre. « Ils donneront l’exemple aux gardes nationaux, écrivit-il à l’Empereur, et leur inspireront l’esprit militaire. « Napoléon ne pouvait manquer d’adopter cette proposition. Le 18 mai, il rendit un décret invitant tous les militaires en retraite à reprendre temporairement du service pour être organisés en bataillons et batteries de forteresse. Les retraités, qui s’élevaient à 94 000, mais dont à peine la moitié paraissaient susceptibles de servir, s’empressèrent de se rendre aux revues d’appel. On forma avec les plus valides 56 bataillons et 25 compagnies d’artillerie d’une force totale d’environ 25 000 hommes.

A Paris, la garde nationale sédentaire fut portée à 36 518 hommes. On organisa en outre avec les ouvriers de la capitale, qui avaient demandé spontanément de concourir à la défense, 24 bataillons de tirailleurs fédérés. Ces 18 000 tirailleurs, commandés par des officiers à la demi-solde, étaient destinés à occuper les ouvrages de première ligne et les postes avancés. A Lyon, il y avait, au 12 juin 4 000 gardes nationaux sédentaires, et Mouton-Duvernet s’occupait de former 15 bataillons de tirailleurs fédérés. Dans l’Aisne et les Ardennes et dans tous les départemens de l’Est, on pouvait compter en cas d’invasion sur les levées en masse. Composées des gardes forestiers, des gendarmes, des douaniers, des gardes nationaux sédentaires et en général de tous les citoyens valides, les levées en masse devaient s’assembler au son du toscin

  1. Dans son rapport à la Chambre des pairs du 13 juin, Carnot évaluait à 751 440 les gardes nationaux de 20 à 40 ans susceptibles d’être mobilisés.
  2. Dans son rapport à la Chambre des pairs du 13 juin, Carnot évaluait à 751 440 les gardes nationaux de 20 à 40 ans susceptibles d’être mobilisés.