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du grec, du latin et du français, impliquait en lui-même toutes les garanties précédemment requises, celles de la culture générale, celles de la culture spéciale, et l’on décida qu’il serait seul exigé des étudians en médecine. Par contre-coup, la preuve scientifique préliminaire exigée des candidats paraissant suffisante, on décida que, dans les facultés de médecine « les cours de physique, de chimie et d’histoire naturelle prendraient désormais un caractère plus positif d’application à la médecine. »

Mais on ne tarda pas à constater chez les étudians en médecine un certain abaissement du niveau intellectuel, et, à la demande pressante des facultés de médecine, on en revint, dès 1858, au régime antérieur à la bifurcation : le baccalauréat ès lettres et le baccalauréat ès sciences spécial, qui fut allégé, et dénommé baccalauréat ès sciences restreint pour la partie mathématique.

« L’art de guérir, disait le rapporteur du Conseil supérieur de l’Instruction publique, exige, pour être cultivé et appliqué avec succès, autant d’efforts d’intelligence et de jugement que de connaissances théoriques et pratiques, mais il ne faut pas de système exclusif. Si on jette l’étudiant dans cette étude si variée et si absorbante des maladies de l’homme et des moyens de guérir sans aucune notion suffisante de ces sciences spéciales appelées sans cesse au secours de l’observation pathologique et de l’application de la matière médicale, il éprouvera les plus grandes difficultés. Il faut qu’en sortant de l’enseignement secondaire il soit prêt à profiter des cours de la faculté de médecine qui supposent l’élève au courant des élémens généraux des sciences physiques et naturelles. »

Comme doctrine, c’était parfait : le baccalauréat ès lettres, attestant une culture générale, au bout d’études classiques régulières et complètes ; le baccalauréat ès sciences restreint, attestant ou devant attester, outre cette culture générale, une certaine initiation scientifique. Mais en pareille matière, la doctrine n’est rien, si les institutions n’y répondent pas. Le malheur fut que l’Etat, qui croyait devoir imposer aux futurs étudians en médecine la preuve de connaissances assez étendues en physique, en chimie et en histoire naturelle, négligea d’organiser l’enseignement de ces matières. Il y avait dans les lycées des classes préparatoires aux écoles du gouvernement : à l’Ecole polytechnique, à l’Ecole de Saint-Cyr, à l’Ecole navale, à l’Ecole centrale ; il y avait des classes préparatoires au baccalauréat ès sciences complet ; il n’y en eut pas pour le baccalauréat ès sciences restreint. Une fois bacheliers ès lettres, quelques élèves rentraient de confiance au lycée pour se préparer à ce grade. Les proviseurs