Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 123.djvu/609

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

remarquables photographies du soleil prises par M. Schœberle, l’émule californien de M. Janssen, témoignent de l’activité des recherches poursuivies avec succès dans toutes les branches de l’astronomie. Actuellement, l’observatoire Lick est un foyer scientifique de premier ordre, que M. Holden, l’éminent directeur, entretient avec un soin jaloux. Ses travaux antérieurs à l’observatoire de Washington et sa haute valeur personnelle le désignaient pour ce poste difficile, où les talens professionnels ne suffisent pas. L’isolement presque complet, auquel se condamne celui qui l’occupe, exige le concours de qualités rares : un esprit largement ouvert, une culture intellectuelle variée, et une parfaite philosophie. En pareil cas, ce n’est assurément pas un mince mérite d’être l’homme de la situation, the right man in the right place.

Quoique l’observatoire Lick, rattaché à l’université de Californie, reçoive des élèves astronomes et soit ouvert au public durant plusieurs heures chaque jour, conformément à la volonté expresse de son fondateur, les observatoires affluent dans la contrée. Berkeley, siège de l’université même, en possède un destiné aux étudians, sous la direction du professeur Soule. A San Francisco, le pionnier de la science astronomique en Californie, le savant professeur Davidson, directeur du service hydrographique et géodésique pour toute la région du Pacifique, a installé l’observatoire bien connu qui porte son nom. De l’autre côté de la baie, en face de San Francisco, à Oakland, sur le chemin de Berkeley, se trouvent encore plusieurs établissemens scientifiques de même espèce : l’observatoire Chabot, consacré à l’instruction de tous et spécialement des jeunes écoliers ; l’observatoire particulier de M. Burckhalter, qui en a construit de ses propres mains la maçonnerie, la charpente, et jusqu’au mouvement équatorial, pendant les loisirs d’une vie active, adonnée aux affaires ; un deuxième observatoire privé, dont la construction partielle est également l’œuvre de son propriétaire, M. Blinn. J’en passe, et il n’est question ici que d’un seul État.

Dans les autres parties de l’Union, combien d’observatoires célèbres à divers titres mériteraient d’être cités ? Et celui de Harvard, où le professeur Pickering, poursuivant les recherches de Draper, a si heureusement développé les différentes branches de la physique céleste : spectroscopie, photométrie et photographie, sans oublier les études météréologiques, pour lesquelles les astronomes de Harvard viennent d’installer une station au Pérou, à cinq mille neuf cents mètres d’altitude. Et l’observatoire de New-York, où le docteur Rutherfurd a exécuté ses admirables épreuves