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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 avril.


La Chambre et le Sénat ont repris, le 24 avril, leur session interrompue pendant les vacances de Pâques. Dès sa rentrée, la Chambre s’est trouvée saisie du projet de budget qui avait été distribué à domicile une semaine auparavant, et sa première tâche a été d’élire dans ses bureaux la commission qui doit l’étudier et le lui rapporter. Un député de Seine-et-Marne, M. Montant, grand ennemi des brigues, a proposé de tirer au sort des bureaux spéciaux qui, à peine constitués et sans avoir eu le temps de se reconnaître, procéderaient chacun à la nomination de trois commissaires. La Chambre a voté cette proposition à une grande majorité. Était-ce une précaution qu’elle prenait contre ses propres entraînemens ? Était-ce seulement un moyen spirituel d’annuler d’un seul coup le long travail de sollicitations que quelques candidats avaient déjà opéré auprès des membres de leurs bureaux respectifs ? Quoi qu’il en soit, ce procédé, imité de celui qui consiste à mêler de nouveau les cartes avant de les distribuer pour une partie décisive, n’a pas produit des résultats très appréciables : la nouvelle commission du budget ne présente pas de noms nouveaux. En revanche, elle contient beaucoup plus de radicaux qu’on n’en avait encore vu dans les commissions précédentes. Ils ont essayé de porter à la présidence, d’abord M. Brisson, puis M. Cavaignac. Celui-ci est très éloigné d’être im radical en politique, mais il a présenté un projet d’impôt progressif sur le revenu qui faisait de lui, dans la circonstance actuelle, un candidat acceptable par la gauche même la plus avancée. Au troisième tour de scrutin, M. Rouvier et M. Cavaignac ayant obtenu 13 voix l’un et l’autre, le premier n’a été élu président qu’au bénéfice de l’âge. Dès le premier jour, après beaucoup de tiraillemens où les inimitiés personnelles ont joué leur rôle, |la commission est arrivée à un résultat qui la coupe en deux et la menace déjà d’impuissance. On s’en consolerait si