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a-t-il pu la joindre du côté de Haine-Saint-Pierre qu’il se montre, se grossit, fait du bruit, engage l’escarmouche. M. de Fariaux, surpris, signale à M. de Souches l’apparition de l’ennemi dans une direction inattendue. Le feldzeugmeister veut y pourvoir, donne des ordres, remue du monde. Quand Saint-Clas disparaîtra, il aura fait perdre plusieurs heures à l’armée impériale, atteint son but.

Entre les enfans perdus et le gros des troupes, Choiseul, maréchal de camp, s’est arrêté à mi-chemin, au point culminant, à Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, avec quelques cavaliers, des estafettes plutôt. Sa mission est de voir au loin, de prévenir, de relier le gros, les détachemens, les enfans perdus. A l’autre extrémité, dans la direction de Nivelles, Fourilles, avec huit cents chevaux, va chercher un gué pour traverser la Samme, qu’il franchit en face de Renissart[1]. Il poussera les escadrons espagnols qui gardent la queue des bagages, culbutera les voitures et reviendra sur le flanc de M. de Vaudemont. Le mouvement est un peu large, mais sans péril dans la circonstance et d’un effet assuré.

Montal est chargé de l’attaque centrale. Près du hameau de Belle, derrière les dernières crêtes, en face et assez près du pont de Seneffe, il forme ses troupes, dragons de Rannes (Colonel-Général) et chevau-légers de Tilladet en première ligne, puis les Fusiliers du Roi avec leurs pièces, soutenus par sept bataillons d’infanterie. Un peu au-dessous du bourg, en suivant le fil de l’eau et en se glissant derrière la brigade Montal, M. le Prince traversera la Samme[2] avec les deux mille chevaux de la Maison du Roi. C’est avec un élan de joie martiale qu’il se met à la tête de cette cavalerie d’élite; il sait ce qu’il peut attendre des soldats qui le suivent.


III. — DIX HEURES DU MATIN. COMBAT DE SENEFFE. DESTRUCTION DE L’ARRIÈRE-GARDE DES ALLIÉS.

Cependant la sécurité de M. de Vaudemont a été troublée... un peu tardivement peut-être. Une de ses patrouilles, en fouillant les bosquets de la rive droite, a cru apercevoir quelques cavaliers qui se sont dérobés assez vite. Divers indices confirment cette rapide observation. Vaudemont s’apprêtait à renvoyer son infanterie; il l’arrête, la ramène dans le bourg, rappelle les postes qu’il avait par delà l’eau, donne l’ordre de barrer ou de détruire le pont.

  1. 3 kilomètres nord de Seneffe.
  2. Les travaux du canal et du chemin de fer ont bouleversé les passages dont on retrouve la trace dans le vieux lit de la Samme.