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forcer le cheval à plier l’encolure du côté où il travaille. Or, nous avons vu plus haut que Grison mentionna ce moyen, tout en ajoutant qu’il vaut mieux s’en passer.

Newcastle dit que le meilleur âge pour dresser le cheval est de six à huit ans, et que si on commence le dressage à trois ans, l’animal n’ayant pas la force de le supporter, on ne réussira pas, ou bien, si l’on réussit, il sera estropié de quelque partie de son corps en même temps qu’il sera dressé. Avis encore aux Sociétés d’encouragement et à MM. les propriétaires de pur sang et de trotteurs.

Il recommande beaucoup le travail en cercle au pas, au trot et au galop avec la longe au caveçon, les passages fréquens du trot au galop et du galop au trot. Il ne conseille qu’un petit nombre de mors, dit avec raison que l’ignorance des écuyers fait plus de chevaux vicieux que la nature, et que les vices proviennent généralement de souffrances ou de mauvaise conformation rendant pénible au cheval l’exécution de certains exercices.

Les Académies d’équitation étaient devenues nombreuses. Le célèbre La Guérinière ne tarda pas à donner à son tour une méthode qui surpasse encore celle de Pluvinel par le bon ordre qui y règne, et qui marque un très grand progrès dans l’enseignement équestre. Toute la première partie de son Traité d’équitation, consacrée à l’extérieur du cheval, à la ferrure, au harnachement, à l’hygiène, ne peut plus être aujourd’hui d’une grande utilité, les spécialistes ayant publié depuis des travaux beaucoup plus complets, plus exacts et plus en rapport avec les besoins nouveaux ; mais la seconde partie, où il traite du dressage, est une œuvre admirable que l’on consultera toujours avec fruit.

Il étudie d’abord la nature du cheval et reconnaît deux causes à l’indocilité ; d’abord les défauts qu’il appelle extérieurs, la faiblesse des membres, des reins, des pieds ou de la vue ; ensuite ceux qui forment le caractère de l’animal : la timidité, la lâcheté, la paresse, l’impatience, la malice et les mauvaises habitudes venant le plus souvent des exigences excessives ou de la maladresse des cavaliers. Il veut que le premier dressage des jeunes chevaux soit confié à des cavaliers patiens, habiles et expérimentés.

Il s’occupe ensuite de définir le mécanisme des diverses allures qu’il classe en naturelles et artificielles. Les allures naturelles sont elles-mêmes subdivisées en allures parfaites : pas, trot et galop, et en allures défectueuses qui sont l’amble, l’entrepas ou traquenard et l’aubin. Les allures artificielles sont celles qu’un habile écuyer sait donner aux chevaux qu’il dresse et qui constituent les airs de manège. Bien que l’auteur commette encore