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A PROPOS DE LA DISCUSSION
SUR LA
REVISION CONSTITUTIONNELLE

La Chambre des députés vient d’être saisie de plusieurs propositions de révision constitutionnelle, dont elle a refusé de discuter le fond, et qu’elle a ainsi, par une sorte de question préalable, sommairement écartées. L’opinion publique ne prenait aucun intérêt à ces discussions, et les aurait vues avec impatience se prolonger : aussi a-t-elle accepté sans le moindre regret ce résultat négatif. Je ne m’étonne pas de ce sentiment, que je suis tout disposé à partager, étant convaincu plus que personne que, dans les conditions où le débat était engagé, aucune solution désirable n’en pouvait sortir.

Il ne faudrait pourtant pas que cette indifférence générale fît une trop complète illusion. Pour éviter les questions constitutionnelles, il ne suffit pas absolument de ne pas vouloir les poser. Après s’être dispensé de les examiner en théorie et en principe, on peut très bien être exposé à les rencontrer, qu’on le veuille ou non, sur son chemin, en pratique et dans leurs conséquences. Je sais bien qu’il est de mode de dire aujourd’hui que les institutions politiques ne sont par elles-mêmes ni bonnes ni mauvaises et ne prennent de valeur que par la manière dont on les applique. Rien de plus explicable que cette humeur sceptique chez une nation qui, après avoir essayé de beaucoup d’institutions différentes, n’en a trouvé aucune qui l’ait pleinement satisfaite. Mais c’est ne voir qu’un côté ou, pour mieux dire, une moitié de la vérité. Il est bien certain qu’aucune institution n’a en soi un