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L’IDOLE DERNIERE PARTIE (1) Journal d’Hélène. Nous sommes tous fort agités d’une persécution dont est victime Dagmar : des demandes d’argent accompagnées de menaces sont déposées mystérieusement dans son appartement^ et nul ne peut dire comment et par qui elles y parviennent. Cela jette le trouble et la défiance parmi les gens de service, qui s’observent avec inquiétude, chacun craignant d’être soupçonné. On a décidé l’autre jour d’agir par ruse, et l’on a feint de déposer au lieu dé- signé un paquet d’une dimension calculée pour persuader au cou- pable qu’il était obéi ; une embuscade ensuite a été habilement préparée pour s’emparer de lui. J’ai passé toute la soirée et la nuit à trembler au moindre bruit ; j’avais, je crois, la fièvre d’émotion ; Emilio partageait mes terreurs et de grands frissons l’agitaient de la tête aux pieds. Jacques, mon père, les domestiques du château étaient dehors, aux aguets. Quant à frère Ange, il criait, pérorait, déclamait à son ordinaire, faisait grand bruit, comme une mouche, aux oreilles de Dagmar, et se tenait prudemment enfermé, sous prétexte de la protéger. Simone voltigeait comme une alouette, excitée et bruyante, du salon à la terrasse qu’elle avait l’ordre de ne pas dépasser, de là au haut de la tour ; Mademoiselle disait son cha- pelet. Nos émotions, nos préparatifs et notre longue attente ont été en pure perte. L’homme n’a pas paru. . (1) Voyez la Revue du 15 février et du 1er mars.