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JE LE JURE... Devant la grille du château, les gendarmes s’arrêtèrent. A en juger par l’état des chevaux tout fumans, le poitrail couvert d’écume, ils avaient dû venir grand train. M. Octave Le Villain, le propriétaire de Bosc-Varengue, les faisait demander pour un vol avec effraction commis la nuit dernière dans sa propriété. L’un des richards de la contrée, ce M. Le Villain; avec cela, pas commode, parlant peu, dur avec les gens qu’il faisait travailler: de sorte qu’on le redoutait beaucoup dans le canton. Aussi les gendarmes, sitôt son mot reçu, s’étaient- ils hâtés de se mettre en selle. — Attendez-moi là, Gillot, ordonna le brigadier, tendant la bride de son cheval à l’autre gendarme. Je vais voir s’il y a de la place à l’écurie pour nos chevaux... Tiens! où donc est la son- nette? Ah! la voilà. Du reste, bien sûr il va venir quelqu’un... j’entends marcher. En effet, un pas pesant faisait crier le gravier des allées; un chien de chasse, à longs poils blanc et feu, apparut d’abord, puis, sortant d’un massif, un gros homme, coiffé d’une casquette de loutre, vêtu d’une vieille houppelande grise, qui s’avançait la canne à la main, la démarche alourdie par des sabots. — Ça ressemble bien à M. Le Villain... murmura le briga- dier, qui tortillait sa barbiche. Il y a longtemps que je ne l’avais vu... Il ne rajeunit pas. — Y en a pourtant, observa Gillot, qui disent comme ça... qu’il est toujours jeune sur le cotillon et qu’il n’est pas gêné de.., TOME cxiii. — 1894. > 12