Page:Revue des Deux Mondes - 1893 - tome 118.djvu/681

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au contact de l’air. On peut aussi plus simplement semer à la volée cette terre pyriteuse dans la vigne malade.

Depuis plusieurs années, on emploie dans l’Hérault, pour guérir la chlorose, un procédé quelquefois assez efficace et beaucoup plus simple encore. On prépare une solution à 1 pour 100 de sulfate de fer, c’est-à-dire qu’on fait fondre un hectogramme de vitriol vert dans dix litres d’eau. On remplit avec cette liqueur très diluée un pulvérisateur destiné à combattre le mildew et on en asperge les feuilles jaunâtres[1]. Chacune des feuilles, si l’opération est bien faite, se trouve recouverte d’une multitude de fines gouttelettes de rosée, bien plus imperceptibles que les taches provenant des bouillies, parce que le liquide ferreux qu’on injecte est parfaitement clair. Quelques jours plus tard, de microscopiques taches vertes se manifestent partout où l’eau s’est déposée, puis s’est évaporée en abandonnant des traces de sel de fer. Ces points verts s’agrandissent, s’étendent comme des taches d’huile et finissent par recouvrir toute la surface de la feuille. Le végétal revient à la santé… S’il n’a pas été trop dangereusement malade. De plus, le remède n’est que temporaire, comme le procédé consistant à tailler de bonne heure la vigne, et, immédiatement après la taille, il badigeonner la plaie avec une solution du même sel ferreux. D’autres dérivés du fer ont été également essayés, mais la question de la préférence à accorder à tel ou tel composé n’a pas été jusqu’à ce jour bien élucidée, et nous n’insisterons pas davantage sur ce point.

Il vaut certes mieux prévenir le mal que de chercher à le guérir, une fois qu’il s’est déclaré. Aussi la question des vignes s’adaptant au terrain calcaire a-t-elle soulevé d’assez longues polémiques au sein du congrès. Comme nous l’avons déjà dit, il est certain que nous disposons actuellement de nombreuses races artificielles très suffisamment calcifuges, sauf dans certains cas exceptionnels de terrains détestables, mais la question est de savoir si, par cela même que ces nouvelles variétés se rapprochent comme adaptation de nos vieux cépages français, leur résistance à l’insecte n’en sera pas amoindrie. Et d’abord quel est le taux d’immunité phylloxérique strictement indispensable ?

Nous pouvons citer à cet égard l’exemple du jacquez, un des plus anciens cépages exotiques dont la culture en grand ait été essayée en France. Ses racines nourrissent toujours une garnison

  1. Si minime que semble la dose, il ne faut pas en employer une plus forte. On brûlerait les feuilles au lieu de les guérir. Souvent même on se contente d’un demi-centième de vitriol.