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pour de courtes excursions en Hollande, à Zieriksée, à Utrecht, à Amersfort. Enfin, quand le moment fut venu, il n’hésita pas à se séparer d’eux afin de les envoyer à l’université de Leyde, où, en peu de temps, ils furent en état de soutenir une thèse de droit, à la grande satisfaction de leurs professeurs (1616). À vingt-deux ans, l’éducation de Constantin était entièrement terminée ; mais pendant quelque temps encore, il allait, dans des situations un peu subalternes, acquérir bien des connaissances et des qualités nouvelles qui lui permettraient de servir plus utilement ses princes et sa patrie. Au milieu du mois de mars 1618, il part avec l’ambassadeur Dudley-Carleton pour l’Angleterre, où il est reçu chez un ami de son père, Noël de Garon, envoyé des États, C’est là pour lui une facilité de bien voir la contrée, les châteaux royaux, le collège d’Oxford qu’il visite avec deux amis et le peintre de Gheyn ; Cambridge, où il a pour guide le chevalier W. Hide. Il se perfectionne dans la langue anglaise et noue des relations dans ce pays qui, traversant alors lui-même une crise redoutable, offrait avec la Hollande des analogies et des différences bien faites pour frapper l’esprit d’un observateur. La musique et la littérature charmaient les loisirs du jeune homme et tenaient déjà dans sa vie la place qu’elles y occuperont toujours. Le 2 novembre, il est de retour à la maison paternelle, où ses parens accueillent avec joie sa rentrée. Au début de l’année suivante (11 février 1619), il est présenté à Hooft, qui, nommé depuis 1609 gouverneur du Gooiland et bailli (drossart] de Muiden, faisait du château de ce nom le rendez-vous des beaux esprits et des femmes les plus distinguées de cette époque. Quelque temps après, le prince Maurice le conduit avec lui à Utrecht et il assiste ensuite avec son père aux dernières séances du synode de Dordrecht. On le voit, il ne néglige aucune occasion de s’instruire et de se renseigner sur la vie politique, religieuse ou littéraire de son pays. En 1620, il quitte de nouveau la Hollande, cette fois avec un autre ami de son père, le conseiller le plus influent du prince, François van Aerssen, qui l’a choisi pour secrétaire dans la mission qu’il va remplir à Venise et le 25 avril, Christian Huygens, fidèle à ses habitudes de consciencieuse exactitude, écrit sur son mémorial de famille : « Aujourd’hui, à deux heures de l’après-midi, mon fils Constantin part pour Venise. Dieu l’accompagne ! Amen. »

Le voyage, fait par étapes, était long et difficile ; mais le jeune homme prend un vif intérêt à tous les pays qu’il traverse : le Rhin, Cologne, Francfort, Heidelberg, où l’on complimente au passage l’électeur Palatin et la mère du roi de Bohême, puis les Alpes bernoises et leurs grandioses perspectives le captivent tour à tour. À Venise, où l’on arrive enfin, après un mois et, demi de chevauchées,