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L’ALUMINIUM


C’est à l’Exposition universelle de 1855 qu’apparut, pour la première fois, un lingot de ce singulier 'silver white metal from clay', comme l’appelait sir Henry Roscoe, à l’Institution royale de Londres, — de l’argent extrait de l’argile. Il ne semble pas qu’alors l’aluminium ait frappé bien vivement l’attention du public. Lorsqu’il s’exhiba de nouveau à Londres en 1862, puis à Paris en 1867, sous forme d’ustensiles de toute sorte et d’objets d’orfèvrerie, il eut d’abord un succès de curiosité dû principalement à son extraordinaire légèreté. Puis, les difficultés de sa fabrication, le haut prix qui en était la conséquence, la trop facile altérabilité de son éclat, ombrageuse virginité souillée par le moindre mélange, le firent peu à peu abandonner par certains arts qui, au premier moment, y avaient cru trouver une nouvelle ressource. Son alliage avec le cuivre, ce qu’on appela le bronze d’aluminium, malgré de remarquables qualités de résistance et sa belle couleur d’or, eut lui-même quelque peine à se maintenir dans la pratique industrielle. Peut-être ne parlerait-on plus de l’aluminium, sauf dans les laboratoires, où sa place est toujours marquée, si sa jeune histoire ne se liait à celle des progrès de l’électricité, et si, grâce à ce nouvel agent, sa fabrication n’était devenue assez facile et assez économique pour permettre d’étendre considérablement le champ de ses applications, et faire renaître, un peu prématurément encore, les espérances qui l’avaient accueilli à ses débuts.

Espérances raisonnables, après tout, et fondées sur la base solide des considérations scientifiques les plus sérieuses. Pourquoi, en effet, ne pas compter beaucoup sur ce beau métal, en prévoir