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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La liquidation de fin septembre a permis de constater que la spéculation était encore très engagée à la hausse sur les fonds français et sur un certain nombre de titres internationaux, et qu’il ne s’était pas formé un découvert d’une importance suffisante pour offrir un point de départ à une hausse nouvelle. Aussi le bon marché des reports n’a-t-il eu qu’une influence négative sur l’attitude générale de la cote. Cette aisance a été attribuée avec raison plutôt à l’abondance persistante des disponibilités qu’à une situation particulière de notre place. Loin donc de reconquérir le pair, après le détachement du coupon et la liquidation, le 3 pour 100 a faibli, et la fin de la première quinzaine d’octobre le laisse en réaction de 65 centimes (99.90 le 30 septembre, 99.25 le 12 octobre). L’argent est toujours facile et obtenable à des taux extrêmement bas, à Londres comme à Paris ; toutefois quelques symptômes d’un renchérissement possible ont commencé à se manifester. Au Stock-Exchange, où les transactions sont redevenues actives en fonds des deux Amériques, on entrevoit l’éventualité d’expéditions d’or pour New-York, qui obligeraient la Banque d’Angleterre à donner le signal du relèvement des prix pour le loyer des capitaux. L’Amérique du Nord, depuis le commencement de l’année, a envoyé en Europe de grandes quantités d’or, qui ont été absorbées presque exclusivement par l’Autriche-Hongrie, la France et la Russie. Le mouvement inverse va sans doute se produire, mais c’est Londres surtout qui aura à fournir le métal nécessaire.

Le public financier attend toujours l’ouverture de la grande campagne d’affaires annoncée pour cet automne. On n’a eu jusqu’ici que l’émission faite par le Crédit algérien et la Société générale de 35,000 obligations environ du canton de Fribourg en Suisse. Les fonds helvétiques sont fort estimés ; notre cote a déjà accueilli un 3 pour 100 des chemins de fer, rente fédérale, qui fait très bonne figure à 9&.50. L’émission des obligations de Fribourg a bien réussi. On parle maintenant des prochains emprunts de l’Autriche et de la Hongrie pour la Valuta ; d’une grande opération russe, actuellement en cours de négociations entre le nouveau ministre des finances, M. de Witte, et la maison Rothschild ; d’une conversion d’obligations du Crédit foncier ; d’un emprunt chilien sous le patronage des Rothschild de Londres, d’un