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par des mesures de surveillance aux gares-frontières ; la séquestration, l’internement des passagers dans les lazarets par l’assainissement des navires au départ et la désinfection pendant la traversée ; mais nous avions obtenu le maintien des mesures de surveillance dans la Mer-Rouge pour les navires venant de l’Inde et de l’extrême Orient ; le pèlerinage de La Mecque continuait à être l’objet de dispositions spéciales, et la quarantaine continuait à être infligée aux bâtimens qui avaient le choléra à leur bord[1].

Cette dernière conclusion, qui avait été adoptée malgré les délégués anglais, devait faire échouer la conférence. La commission technique termina ses travaux le 7 juin et en remit les procès-verbaux au chevalier Cadorna, président de la conférence. Celle-ci se réunit le 12 juin et, après avoir pris connaissance du travail de la commission, elle se sépara, afin de permettre à ses membres d’aller chercher de nouvelles instructions près de leurs gouvernemens respectifs ; mais il fut convenu qu’elle s’assemblerait de nouveau à la date du 10 novembre de la même année.

Dans l’intervalle, la diplomatie anglaise fit son œuvre habituelle près des puissances contractantes et, quelques mois après notre séparation, le gouvernement de la reine, d’accord avec l’Italie, fit parvenir à la France un mémorandum lui demandant d’accepter la clause que nous avions combattue avec le plus d’énergie, c’est-à-dire l’autorisation pour les navires anglais de passer le canal de Suez en quarantaine. C’était détruire d’un trait de plume toute l’œuvre de la conférence de Rome, et le gouvernement français refusa de signer ce protocole : les choses en restèrent là, et la conférence de Rome ne se réunit plus.

Toutefois, les règlemens antérieurement édictés par le conseil sanitaire d’Alexandrie n’étaient pas abrogés. Ils imposaient encore une quarantaine d’observation de vingt-quatre heures aux navires arrivant à Suez avec une patente brute, et cette disposition causait au commerce anglais une gêne suffisante pour qu’il eût intérêt à la faire abroger. Ce désir était partagé par quelques-unes des puissances intéressées dans la question et notamment par l’Autriche-Hongrie, qui prit l’initiative de provoquer la réunion d’une conférence nouvelle et proposa à l’Angleterre de la tenir à Venise. Cette dernière s’empressa d’y consentir et, le 29 juillet 1891, les deux puissances signèrent un protocole comprenant les deux points suivans : 1° le passage en quarantaine des navires anglais par le canal de Suez ; 2° la réorganisation du conseil sanitaire d’Alexandrie.

Treize puissances consentirent à discuter ces questions, et lord

  1. Voyez, pour ces conclusions, Protocoles et Procès-verbaux de la conférence sanitaire internationale de Rome, inaugurée le 20 mai 1885 ; Rome, 1885.