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d’un code sanitaire international s’imposait comme une nécessité. Le gouvernement français prit alors l’initiative, et provoqua la réunion, à Paris, d’une conférence destinée à jeter les bases d’un système sanitaire uniforme. L’entente s’établit facilement entre les délégués des douze États qui consentirent à s’y faire représenter ; mais, lorsqu’il s’agit de passer à la ratification de la convention à laquelle ils s’étaient arrêtés, le Portugal et le Piémont seuls s’unirent à la France pour donner leur adhésion au projet. Il fut mis en vigueur dans notre pays par le décret impérial du 4 juin 1853.

À cette époque, l’opinion publique, éclairée par les épidémies qui se succédaient à de courts intervalles, revenait peu à peu aux idées contagionistes, et les quarantaines reprenaient faveur. En 1861, le choléra fut importé en Égypte par les pèlerins qui revenaient de La Mecque ; il traversa presque aussitôt la Méditerranée et se répandit en Europe avec une rapidité qui démontra la nécessité de lui barrer la route dans la Mer-Rouge. La France fit un nouvel appel aux puissances que la question intéressait, et une seconde conférence internationale se réunit à Constantinople, en 1866. Cette fois, tous les États de l’Europe y prirent part, mais elle n’aboutit pas plus que la précédente à une convention diplomatique.

En 1874, le gouvernement austro-hongrois revint à la charge et en convoqua une troisième qui s’assembla à Vienne. Elle était composée presque exclusivement de médecins qui se mirent facilement d’accord sur les questions scientifiques ; mais quand on en vint aux applications pratiques, quand il s’agit d’adopter un certain nombre de mesures préventives, on vit se produire la scission qui s’est toujours manifestée depuis, entre les peuples du Nord et ceux du Midi. Les premiers, moins exposés à l’importation, se préoccupaient surtout de sauvegarder les intérêts de leur commerce ; les autres, placés sous la menace continuelle des épidémies, songeaient avant tout à s’en préserver.

Dans l’impossibilité de s’entendre, on laissa à chaque État la liberté de se conduire à sa guise. C’était reconnaître l’impossibilité d’une action commune et aboutir à un nouvel avortement. Chaque puissance, usant de sa liberté, prit les mesures qui lui convinrent ; la France en profita pour réviser de nouveau son organisation sanitaire et pour réunir en un seul document ses anciens règlemens enchevêtrés les uns dans les autres et devenus d’une application très difficile.

Ce travail de refonte fut confié à une commission composée de membres du comité consultatif d’hygiène publique, auxquels on adjoignit les représentans des chambres de commerce des principaux ports de France et des deux plus importantes compagnies de navigation.