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sujet, son texte fait autorité, tout en restant l’objet d’un éternel commentaire : — « Agrippa, dit-il, décora le Panthéon. Diogène d’Athènes plaça sur les colonnes du temple des cariatides, qui sont considérées comme des ouvrages d’un mérite rare, aussi bien que les figures placées sur le faîte du monument ; mais à cause de leur élévation celles-ci sont moins admirées. » — Ailleurs, le même auteur nous apprend que les chapiteaux des colonnes étaient en bronze de Syracuse. Enfin, d’après les traditions et l’état du portique jusqu’au pontificat d’Urbain VIII en 1623, la charpente aurait été de bronze ainsi que des voûtes placées sur les colonnes. Le Panthéon nous apparaît donc comme une œuvre de forme composite dans laquelle le bronze était combiné pour une large part avec le marbre et d’autres matériaux. Mais je remarque que pas un mot, dans Pline, n’implique l’association d’un portique rectangulaire avec un bâtiment cylindrique et que, chez l’écrivain, ni directement, ni par allusion, il n’est question d’une coupole.

Les autres édifices élevés par Agrippa consistaient d’abord en une sorte de gymnase avec une étuve, ce qu’on nommait un laconicum, il était adossé au temple. Puis venaient les thermes avec leur piscine, leurs eaux vives et leurs vastes jardins. Ces grands ouvrages avaient été construits à la fois et à la suite, non sans quelques tâtonnemens. En effet, le Panthéon et le laconicum auraient été menés d’ensemble ; peu après, on aurait bâti les thermes, ce qui aurait entraîné des modifications au laconicum. Avec une sagacité patiente, on est arrivé à mettre d’accord les dates assignées à la consécration de ces constructions, en interprétant les dires un peu confus des historiens et les textes lapidaires. Travail savant et délicat, d’où il résulte que la dédicace du Panthéon a eu lieu vingt-sept ans avant notre ère, l’achèvement du laconicum deux ans plus tard, et que les thermes n’auraient été livrés au public que sept ans après, soit l’an de Rome 726, dix-neuf années avant l’ère chrétienne. Tout cela est fort plausible, spécialement en ce qui concerne les thermes, qui n’auraient pu être ouverts plus tôt, l’aqueduc destiné à les alimenter n’ayant été terminé lui-même qu’en 726.

Les textes dont on établit ainsi la concordance et qu’on rend presque contemporains, embrassent plus de deux cents ans. Nous pouvons donc nous arrêter à considérer ce qu’était, dans son ensemble, le quartier du Panthéon, sous Septime-Sévère et ses premiers successeurs. Cette partie du Champ de Mars, rendue déjà magnifique par Agrippa, n’avait pas tardé à se remplir d’édifices superbes. La carte topographique de Rome que M. Lanciani se prépare à publier, dira le dernier mot de la science sur la ville antique et en particulier sur la région dont Agrippa avait créé le