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du Sud est un épisode de peu d’importance qui n’a eu aucune influence sur l’occupation subséquente du pays ; il est donc suffisant de constater sans autre commentaire l’insuccès d’une tentative d’application d’une théorie attrayante dont la logique des événemens devait démontrer l’impraticabilité. Quant aux colonies de Victoria et de Queensland, elles se détachèrent de la Nouvelle-Galles du Sud, la première en 1851, et la seconde en 1859, dès que leur population fut devenue assez nombreuse et leurs intérêts assez importans pour qu’il fût plus longtemps impossible de gouverner d’un centre commun une population disséminée sur un territoire aussi vaste. Depuis cette époque, leur existence a été soumise aux mêmes phases que celle de la colonie mère, et à part la différence qui existe entre leurs politiques fiscales et certaines nuances dans l’application des principes qui servent de base à leurs constitutions respectives, leur histoire n’offre aucun point suffisamment saillant pour la distinguer de celle de la Nouvelle-Galles du Sud, type général de toutes les provinces du groupe. En outre, le mouvement qui amena la métropole à reconnaître la nécessité de concéder à ses colonies une constitution en rapport avec leurs intérêts eut son origine à Sydney, et la plupart des questions d’importance australienne plutôt que provinciale ont été soulevées et leur solution déterminée dans la colonie mère. Aucune autre province ne compte parmi ses législateurs un homme d’État aussi remarquable que l’ancien premier ministre de la Nouvelle-Galles du Sud, sir Henry Parkes, qui est considéré avec justice comme une des grandes figures du monde impérial britannique de pair avec sir John Macdonald, le célèbre premier ministre du ''Dominion of Canada. Ce dernier, mort en 1891, a eu sur le ministre australien l’avantage de jouir du fruit de ses efforts et de présider à l’administration d’une vaste fédération d’États autrefois divisés, à l’union desquels il avait puissamment contribué. Sir Henry Parkes poursuit toujours, malgré ses soixante-dix-sept ans, avec une ardeur toute juvénile alliée à la persévérance de l’âge, un rêve semblable dont la réalisation est beaucoup plus difficile que ne l’a été celle de la consolidation des États canadiens. Cette dernière était, en quelque sorte, rendue impérative par la présence, sur une frontière commune ouverte sur une immense étendue, d’une puissance formidable avec l’hostilité possible de laquelle il fallait compter. La fédération des colonies australiennes, divisées par des intérêts commerciaux opposés et une politique fiscale différente, est une œuvre autrement difficile et au-dessus des forces d’aucun autre ministre colonial. Toutes les tentatives faites dans ce sens depuis dix ans n’avaient abouti à rien de pratique, mais la convention fédérale de Melbourne en