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l’Assemblée, à se réjouir ensemble des bienfaisantes réformes accomplies, — ce club se transforme donc en un bouge, où des goujats apportent une tenue, des propos et une politique de cabaret. — Il arrive quelquefois que des élémens morbides, inoffensifs tant qu’ils restent dispersés dans l’organisme, se réunissent, se condensent en un point : la fièvre alors éclate. Le club, à Toulon, est de même un foyer où s’accumulent toutes les âcretés et toutes les sanies du corps social, une sorte d’abcès monstrueux qui attire tous les fermens malfaisans disséminés dans cette population de trente mille âmes, et qui centuple leur virulence, par cela même qu’il les rapproche. Un sûr instinct amène là les mécontens qui, croyant avoir à se plaindre de la société, ne réclament pas moins que sa subversion totale en expiation de ses torts envers eux. Artisans dégoûtés de leur métier trop rude, tâcherons insurgés contre la dureté de leur tâche, manœuvres las de peiner, ouvriers sans ouvrage parce qu’ils ne veulent pas travailler, soldats ayant déserté la caserne parce qu’ils ne veulent pas obéir, moines ayant jeté le froc parce qu’ils ne veulent pas observer la règle, tous les esprits rebelles à une discipline quelconque accourent au club et s’y enrôlent. Le club fournit à ces insoumis ce qui leur manquait, une tribune où ils vont pouvoir exhaler leurs récriminations ; un auditoire animé des mêmes passions, frémissant des mêmes haines, brutal et grossier comme eux : en sorte que, au lieu de demeurer isolés et par conséquent impuissans, tous ces réfractaires, mettant en commun leurs espérances et leurs rancunes, formeront un groupe formidable, d’autant plus audacieux qu’il se sentira plus compact. A côté des révoltés, les rêveurs, les illuminés en possession de la formule magique qui doit régénérer la nation : et la chimère de ceux-ci n’est pas moins dangereuse que les instincts subversifs de ceux-là, puisqu’elle préconise, elle aussi, les moyens radicaux comme seuls aptes à opérer la refonte de la société. Le club accueille les uns comme les autres ; les divagations des utopistes alterneront dans son enceinte avec les déclamations furibondes des sectaires. Il sert aussi de réceptacle aux ambitieux légers de convictions et de scrupules, qui cherchent à capter cette force aveugle au profit de leurs convoitises ; aux rhéteurs sans emploi qui s’improvisent tribuns ; aux déclassés qui, rebutés par toutes les carrières, trouvent dans le métier de démagogue une facile et fructueuse revanche des déceptions essuyées ailleurs par leur vanité ; à tous les hommes, enfin, sincères ou non dans leur fanatisme, dont les appétits de désordre, de violence, de domination brutale et oppressive, de représailles sanguinaires contre l’ancien ordre de choses, ont été déchaînés par la Révolution.

Entrons au club, assistons à l’une de ses séances. Depuis qu’une