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ait provoqué un recul de trois unités et demie sur le nouvel emprunt. Il paraît cependant que le premier versement complémentaire de 100 francs, fixé au commencement de novembre, s’est régulièrement effectué, et des communications officieuses ont fait savoir de plus que, sur le million d’obligations dont se compose l’emprunt, plus de 350,000 sont dès maintenant entièrement libérées ; c’est là assurément un fait d’heureux augure.

M. di Rudini a prononcé, le 10 courant, à Milan, le grand discours annoncé depuis longtemps. La question financière y tient assez naturellement une place prépondérante. Le ministre a montré comment, de 1878 à 1890, il avait été dépensé pour la guerre, la marine, les travaux publics et les chemins de fer, des sommes telles, qu’en une seule année (1888-89) le déficit s’éleva à 485 millions (pensions comprises) et que pour toute la période, le montant des déficits accumulés atteignit 2,318 millions.

C’est à cette formidable accumulation de déficits qu’il fallait mettre un terme ; un seul moyen s’offrait, trancher dans le vif des dépenses. Pour l’exercice 1891-1892, les ministres italiens ont opéré les réductions suivantes : dans les dépenses effectives 49 millions, pour les constructions de chemins de fer 19 millions, ensemble 68 millions. Pour l’exercice 1892-93, les résultats sont bien plus surprenans ; le cabinet di Rudini-Luzzatti propose de diminuer les dépenses effectives ordinaires de 80 millions et de ramener de 90 à 30 millions les dépenses pour constructions de chemins de fer.

De plus, pour 1892-1893, le solde des pensions serait définitivement compris dans le budget ordinaire, et dans ce même budget on ferait rentrer les allocations pour constructions de chemins de fer. Le budget serait unifié ; il n’y aurait plus de comptes extraordinaires, et le bilan de cet exercice montrerait l’équilibre réellement établi entre toutes les dépenses, quelles qu’elles fussent, et les recettes régulières du budget provenant de l’impôt.

Le compte des recettes et des dépenses effectives ferait en effet ressortir un excédent de recettes de 20 millions, ramené à 9 par un déficit de 11 millions dans le mouvement des capitaux ; d’autre part, les dépenses pour constructions de chemins de fer étant rétablies au budget ordinaire et fixées à 30 millions, l’excédent ci-dessus de 9 millions serait absorbé, et il resterait un déficit net de 21 millions. Mais M. di Rudini propose un supplément de ressources de 23 1/2 millions provenant, pour 5 millions, de mesures procurant une diminution de dépenses, et, pour 181/2 millions, de quelques remaniemens d’impôts. Si donc ces combinaisons étaient adoptées et que l’événement ne vînt pas de nouveau, comme cela s’est produit déjà tant de fois, démontrer le caractère chimérique des économies projetées dans les dépenses et des prévisions formulées pour les recettes, le budget