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avec laquelle la nation est loin d’être familiarisée, mais dont elle s’occupe peut-être plus qu’on ne le pense, depuis que des hommes considérables la lui ont fait entrevoir comme la solution de l’avenir? Dans une adresse à ses amis du Midlothian, M. Gladstone, en 1885, se défendait des jugemens anticipés et des prophéties téméraires; mais il admettait lui-même la possibilité de modifications radicales lorsqu’il déclarait que, quel que lût le sort réservé à l’église nationale, elle trouverait dans l’appui moral et matériel de ses membres de quoi faire face à toutes les éventualités. Encore que le sujet ait été à peine effleuré et qu’il ne s’agisse nullement, à l’heure actuelle, de bouleversemens aussi graves, on estime, dans certains milieux, que la situation présente n’est pas éternelle. L’alliance avec l’État des confessions épiscopale et presbytérienne, à l’exclusion de toutes les autres, n’est pas sans inconvéniens, prête d’ailleurs à des critiques dont les esprits impartiaux n’ont pas méconnu la justesse. Depuis le 1er janvier 1871, l’Irlande protestante est en possession d’une administration séparée. C’est une assemblée indépendante, le synode général, qui dirige les intérêts de la communauté, gouverne et nomme aux emplois; pourquoi n’en serait-il pas de même de l’Angleterre, ou, si la discussion n’y est pas mûre, tout au moins du pays de Galles, si résolu, si ardent, depuis quelques années, à réclamer son autonomie religieuse? Oui, c’est un fait; la pittoresque principauté, habitée par une population de travailleurs paisibles, endurans, fidèles à la couronne, est décidée à secouer le joug et à obtenir gain de cause. Par l’organe de ses représentans au parlement britannique, elle fait valoir en sa faveur non-seulement des argumens historiques, mais ce qu’elle appelle les inconséquences et les injustices de la position où elle est placée. Elle demande que liberté lui soit rendue, que ses ressources, les contributions qu’on lui arrache, n’aillent pas à un culte officiel qu’elle repousse, mais bien aux pasteurs qu’elle a choisis, derrière lesquels elle s’est depuis si longtemps engagée dans la voie schismatique. Elle voudrait rompre les liens qui l’enserrent, être affranchie notamment de ce paiement de la dîme dont l’église d’Angleterre jouit encore et qui forme, avec le fonds administré par les ecclesiastical commissioners le plus clair revenu des ministres de la religion nationale. A l’appui de leurs revendications, les comtés gallois produisent des raisons qui ont paru si décisives que les personnalités les plus en vue du parti Libéral, séduites et convaincues, ont pris en main la défense des opprimés. Ce n’est point, sans doute, une thèse sans valeur et sans équité que celle qui a pour avocats des hommes comme l’illustre leader de l’opposition, des parlementaires de l’expérience de lord Derby, du mérite de sir William