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liquidation mensuelle qui suivrait l’emprunt. Les reports avaient atteint fin décembre un taux exceptionnellement élevé ; mais tous les fonds disponibles étaient réservés pour l’emprunt ; la cherté extraordinaire de l’argent n’était donc qu’un accident passager. On pensait même que les reports tomberaient à un niveau très bas, fin janvier. Il n’en a pas été tout à fait ainsi. On a coté en moyenne 19 centimes sur le 3 pour 100 ancien, 9 sur l’emprunt, 23 sur l’amortissable, 26 sur le 4 1/2, taux encore élevés, sinon excessifs. Aussi le 3 pour 100, compensé le 2 février à 95.25, reculait-il le même jour à 95 fr. 07, l’emprunt à 93.65, l’amortissable à 94.65, le 4 1/2 à 104.62.

Les deux premières semaines de février, malgré le défaut d’activité dans les transactions, ont vu, par la seule force des achats de l’épargne, nos fonds publics regagner parallèlement et assez vite le terrain abandonné. Si l’on compare les cours cotés en liquidation le 2 février avec ceux de la clôture du 12, on constate une hausse de 0 fr. 65 sur le 3 pour 100 ancien, de 0 fr. 30 sur le nouveau, de 0 fr. 50 sur l’amortissable, et de 0 fr. 57 sur le 4 1/2.

Si l’on prend comme point de comparaison les cours de compensation, l’avance se ramène respectivement sur les trois premiers fonds à 47, à 15 et à 30 centimes, mais elle s’élève à 75 centimes sur le dernier, qui a retrouvé ainsi quelque faveur par suite du détachement du coupon trimestriel le 2 février. Si enfin on retranche de ces différences le montant des reports moyens cotés en liquidation, l’écart en bénéfice pour les acheteurs n’est plus, courtage non compris, que de 28 centimes sur le 3 pour 100, de 6 sur l’emprunt, de 7 sur l’amortissable, de 49 sur le 4 1/2.

Il n’en reste pas moins que sur nos fonds publics, en l’absence de tout effort apparent de la spéculation, et malgré les très hauts prix déjà atteints, l’amélioration est déjà sensible. Il ne saurait se présenter de conditions plus favorables pour le classement de l’emprunt qui, comme chacun le sait, est resté pour une bonne partie aux mains des banquiers.

Les circonstances extérieures ont été, au surplus, des plus propices pour une avance générale des prix des valeurs mobilières. Le calme est absolu au dedans et au dehors. Aucune question politique ne suggère l’ombre d’une préoccupation. Les grandes Banques d’État ont abaissé partout le taux de l’escompte. A Londres, l’abondance de l’argent est telle que la Banque d’Angleterre a décidé de ne point user de la faculté qu’elle s’était réservée de proroger de trois mois le remboursement des 75 millions en or empruntés en novembre dernier à la Banque de France. Malgré la réduction du taux de l’escompte officiel à 3 pour 100, l’encaisse a reçu de tels accroissemens que déjà 2 millions de livres sterling ont quitté l’Angleterre pour la France et que les 25 derniers millions de francs doivent être en route au