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de la guerre ; sa place est aux côtés du ministre. Celle du major-général est à la tête de l’état-major-général, où il préparerait en temps de paix les plans dont il aurait à assurer l’exécution en temps de guerre.

Chaque année, les membres du conseil supérieur de la guerre devraient assister aux grandes manœuvres, officiellement et avec toute la solennité qu’exige une mission aussi importante. Ils en seraient les véritables arbitres et les juges suprêmes ; ils maintiendraient l’unité de direction et d’instruction ; ils ne perdraient plus le contact vivifiant de la troupe et resteraient toujours ainsi préparés de corps et d’esprit au rôle capital qu’ils sont appelés à jouer en cas de guerre.


Examinons maintenant comment a fonctionné le service d’état-major. Les ordres qui parvenaient d’en haut aux chefs des unités subordonnées étaient généralement trop longs, trop minutieux, entrant dans des détails dont la prescription était une entrave à l’exécution, un empiétement sur l’initiative des sous-ordres, et, par conséquent, la suppression morale de leur rôle.

C’est au service d’état-major qu’il y a lieu d’attribuer la responsabilité de ces ordres, car, s’il fallait la faire remonter jusqu’au chef, le mal serait plus grave encore. Si un général de corps d’armée, non content d’annihiler ses généraux de division, supprimait encore son chef d’état-major et occupait son esprit à des détails que d’autres ont charge d’étudier, il ne saurait plus, au jour du besoin, le conserver libre et lucide pour les graves décisions qu’il aurait à prendre ; en outre en réduisant ses subordonnés au rôle de simples secrétaires, il aurait anéanti leur valeur particulière et brisé leur énergie morale.

Quoi qu’il en sait, et tout en étant disposé à rendre au zèle et à la capacité des officiers du service d’état-major la justice qu’ils méritent, on peut se demander si tous les officiers de ce service sont parfaitement préparés au rôle qui leur incombe.

L’école préparatoire du service d’état-major s’appelle l’école supérieure de guerre. Elle est, paraît-il, bien dirigée, dotée d’un bon personnel, entretenue dans un esprit d’intelligence, dans un mouvement réel de vie et de progrès. Néanmoins, il faut reconnaître que les élémens qu’on y admet laissent quelquefois à désirer. Chaque année, il y entre quatre-vingts officiers de troupe et il en sort quatre-vingts officiers d’état-major. L’armée est-elle assez riche pour pouvoir produire chaque année pour ce service quatre-vingts officiers d’élite? Ceux qui entrent à l’école supérieure ne sont pas toujours choisis avec assez de soin. Les commandans des corps