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passer sous silence plusieurs gîtes de pétrole dans les contrées da Caucase et les régions situées au nord et à l’est de la Caspienne.

Dans le Caucase, le domaine naphtifère est compris entre les deux rivières parallèles du Kour et de l’Alassan (affluent gauche du premier). Le pétrole est exploité dans les environs de Tiflis, mais n’offre qu’un produit comparativement peu considérable. Le littoral de la Mer-Noire, le long du pied méridional du Caucase, n’a pas encore présenté le moindre indice de dépôts souterrains de naphte.

Si nous franchissons la chaîne du Caucase pour examiner le développement du naphte au nord de cette chaîne, la première région à noter sous ce rapport se présente dans le système hydrographique du Kouban, particulièrement le long de la rangée des collines qui servent de contreforts au Caucase. Les gîtes de naphte y sont généralement atteints à 10 ou 25 mètres de profondeur.

Dans la vallée de Kudak (l’une des principales vallées du système hydrographique du Kouban), les forages furent très productifs, car, en 1866, les puits donnèrent 100,000 quintaux de naphte par jour ; mais, plus tard, les fontaines à jets puissans perdirent de plus en plus de leur activité, et les exploitations lurent abandonnées comme n’étant plus rémunératives.

Les conditions peu satisfaisantes où est placé le domaine naphtifère du Kouban sont encore moins favorables dans les régions situées des deux côtés du détroit de Kertch, dans la presqu’île de Taman et dans la partie orientale de la Crimée, bien que, dans toutes ces régions, le dégagement des gaz soit très violent. Ainsi à Pétrovsk (au nord de l’embouchure du Kouban), les forages furent poussés jusqu’à 200 mètres, profondeur à laquelle se dégagèrent d’abord des carbures d’hydrogène, puis une eau d’un blanc de fait imprégnée de ces gaz. Ceux-ci jaillirent avec tant de force, que les pierres qu’ils lancèrent percèrent de grosses poutres. De même, dans la presqu’île de Kertch, des jets impétueux de gaz accompagnés de phénomènes volcaniques ont été signalés depuis longtemps, et déjà, en 1838, le célèbre voyageur Dubois de Montpereux les décrivit en ces termes[1] : « Le principal cratère, qui paraît le patriarche de toute la formation volcanique, est un tumulus complètement isolé de 500 pieds de diamètre et de 39 de hauteur. Son sommet présente un enfoncement de 6 pieds, rempli par une flaque de boue et d’eau de 70 pieds de long sur 35 de large. Sa boue grise épaisse exhale une forte odeur de soufre et de bitume. Çà et là, sur cette vase épaisse, se présentent des plains

  1. Voyage autour du Caucase (p. 238).