Nous avons, il y a une douzaine d’années, étudié ici l’église et le clergé russes[2]. Bien des choses ont, depuis lors, changé en Russie, jusque dans le domaine qui semble le moins accessible à l’humaine loi du changement, dans l’église. Elle a été l’objet constant de l’attention, sinon des faveurs de l’état. Le « nihilisme » a indirectement relevé son crédit. Le gouvernement de l’empereur Alexandre III, anxieux de barrer aux propagandistes révolutionnaires l’accès du peuple, s’est adressé au clergé. Les deux publicistes qui, durant ces dernières années, se sont partagé la direction de l’opinion dominante, feu Katkof et feu Aksakof, étaient tous deux d’accord pour renforcer l’action de l’église au profit de l’état; et, dans les conseils du tsar, les deux hommes les plus influons du nouveau règne, le comte Dmitri Tolstoï et M. Pobédonostsef, professent presque également que l’église orthodoxe est le meilleur support du pouvoir autocratique. En cela, ils sont dans la tradition ; l’autocratie tsarienne, comme nous le disions récemment, est d’essence
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LA
RELIGION EN RUSSIE
III.[1]
LES DEUX CLERGÉS ET LE CLÉRICALISME ORTHODOXE.