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quelques-uns fort autorisés, se sont préoccupés de l’extrême abondance des matières ferrugineuses dans le sol comme au sein des roches, et ont observé ce fait que les laves volcaniques, dont l’origine peut être approximativement indiquée, sont d’autant plus riches en fer qu’elles viennent d’un niveau plus bas ; de là une hypothèse fort séduisante, d’après laquelle la teneur en fer croîtrait sans cesse jusqu’à la (surface d’un bloc métallique central inoxydé. Mais, au lieu d’exposer nous-même cette théorie, nous préférons céder la parole à l’un de ses défenseurs, M. Nordenskiôld : « La géologie, dit le célèbre explorateur, nous apprend que le globe terrestre se compose tout d’abord d’une partie interne ou noyau inaccessible à l’observation de l’homme, mais qui, selon toute probabilité, est formé de fer métallique. Cette opinion est corroborée par le poids spécifique du globe terrestre, qui surpasse notablement celui des matériaux superficiels et se rapproche de la densité du fer, en-deçà des limites de pression que le physicien peut atteindre avec un instrument. Si le coefficient de compressibilité qui a été déterminé dans de pareilles circonstances s’appliquait encore avec une pression aussi énorme que celle régnant au sein de la masse terrestre, il deviendrait nécessaire de supposer que l’intérieur du globe renferme des substances, non pas plus pesantes que les roches extérieures, mais même plus légères que ces roches. Toutefois, il est vraisemblable que tous les corps solides et liquides présentent un maximum de densité dont la valeur ne diffère pas, à quelques centièmes près, de celle du poids spécifique sous la pression atmosphérique, et une fois ce point critique dépassé, aucune force ne suffit à comprimer la matière, de sorte que la connaissance de la densité du globe nous induit réellement à croire que son cœur est constitué de fer sous forme métallique. Les propriétés magnétiques de la terre servent de preuve à l’appui, pourvu toutefois que l’on ne croie pas à l’effrayante chaleur que les plutonistes veulent faire régner au centre de la terre. »

En effet, l’on n’ignore pas que les corps magnétiques perdent à la chaleur rouge toute influence sur les aimans. Mais que les défenseurs de la haute température centrale se rassurent : l’action du couple terrestre sur l’aiguille aimantée s’explique encore fort bien avec un noyau aussi brûlant qu’on voudra ; la seule influence des composés du fer enfouis dans les couches externes suffit largement ; or, l’effet d’une enveloppe sphérique creuse sur un point extérieur équivaut à celle d’une sphère pleine concentrique de rayon convenable. Autrefois, Halley avait matérialisé cette boule hypothétique ; elle était en fer, cela va sans dire, et tournait sur elle-même immergée au sein d’un abîme de feu ; la pression subie maintenait