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Dette publique, Guerre et Marine Autres services administratifs Totaux des dépenses en millions
1831 808 412 1.219
1847 911 719 1.630
1869 1.053 1.022 2.075
1872 1749 1.199 2.948
1880 2.236 1.535 3.771
1886 2.129[1] 1.607 3.736


Ce tableau nous montre que la monarchie de juillet, en seize années, a accru de 307 millions l’ensemble des dépenses administratives ; mais il faut tenir compte à ce régime d’un important changement dans la comptabilité des deniers publics. Sous la restauration, les régies financières et, en particulier, l’administration des postes, prélevaient sur leurs recettes leurs dépenses de personnel et de matériel, qui échappaient ainsi au contrôle parlementaire, et elles ne versaient au trésor que leurs produits nets. Après 1830, il fut décidé que les recettes brutes seraient versées au trésor, et que les frais de personnel et de matériel de toutes les administrations seraient inscrits au budget des dépenses. Il en est résulté, dans les chiffres de ce budget, une augmentation qui ne représentait pas une dépense nouvelle.

En près de vingt-deux années, le gouvernement de Napoléon III n’a ajouté aux dépenses administratives que 303 millions, bien qu’il ait eu à pourvoir au développement de plusieurs grands services, dont quelques-uns, tels que les chemins de fer et les télégraphes, étaient fort incomplets, et à l’administration de trois nouveaux départemens. L’accroissement imputable à l’assemblée nationale peut s’expliquer en partie par les augmentations de traitement accordées à une foule de petits employés. Quand on se souvient qu’à leur début en fonction les facteurs de la poste ne touchaient que 33 francs par mois, qu’on leur retenait le premier mois tout entier pour la retraite, et qu’ils avaient à payer 18 francs pour frais de prestation de serment, on ne se sent guère le courage de critiquer l’élévation de leur salaire ; mais, que doit-on penser du régime actuel qui, dès 1880, avait déjà porté les dépenses administratives à 1,535 millions, c’est-à-dire à un chiffre supérieur de 50 pour 100 à celui de 1869, et qui, dans les six années suivantes, y a encore ajouté 72 millions ?

On objectera peut-être que, dans les augmentations accusées par

  1. 79 millions de dépenses militaires et maritimes pour le Tonkin, l’Annam et Madagascar ont été supportés par la dette flottante, c’est-à-dire par l’emprunt, et 63 millions dus aux compagnies de chemins de fer ont été mis à la charge d’un compte nouveau : ce qui a produit une réduction apparente de la dépense.