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LA BIENFAISANCE ISRAÉLITE À PARIS


I.

LA COMMUNAUTÉ. — L’HÔPITAL ET LES HOSPICES. — LE REPOS ÉTERNEL.


I. — LA COMMUNAUTÉ.

Il y a cent ans, le nombre des Israélites tolérés à Paris ne dépassait pas celui de huit cents ; ils restaient soumis à la discrétion du lieutenant-général de police, qui les surveillait de près et les tenait dans une dépendance presque absolue. Leur sort n’avait rien d’enviable, et certaines professions leur étaient interdites ; un arrêt royal du 14 août 1774 les exclut des « corps d’arts et de métiers ; » un autre, en date du 25 juillet 1775, leur défend d’exercer le commerce de la draperie et de la mercerie, auquel ils excellaient. Tout gouvernement semblait prendre à tâche de renouveler contre eux la vieille malédiction légendaire que les sectes issues du judaïsme leur avaient infligée. Parqués, soupçonnés, vilipendés, dépouillés, accusés d’égorger les petits enfans, objets des contes de vieilles femmes, épouvantails des nourrices, exposés à toutes les diatribes et à toutes les avanies, ils vivaient humbles, effarouchés, dans l’ombre, et réduits, pour vivre, aux basses industries dont nul