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LETTRES INTIMES
DE
L'IMPERATRICE MARIE-LOUISE

Lamartine, en écrivant son Histoire de la Restauration, s’est fait un mérite de défendre la mémoire de l’impératrice Marie-Louise contre les calomnies des courtisans napoléoniens : « Le monde théâtral de cette cour voulait le simulacre de la passion conjugale dans une captive de la victoire. Elle était trop naturelle pour simuler l’amour, quand elle n’avait que l’obéissance, la terreur et la résignation… L’histoire doit lui rendre ce que la partialité des courtisans lui a enlevé, la grâce, la tendresse et la pitié. » Il nous la peint comme « une belle fille du Tyrol, le visage nuancé de la blancheur de ses neiges et des roses de ses vallées, l’attitude affaissée et langoureuse de ces Germaines qui semblent avoir besoin de s’appuyer sur le cœur d’un homme, le regard plein de rêves et d’horizons intérieurs, voilés sous le léger brouillard des yeux. » Lamartine, historien, possédait au même degré l’instinct du vrai et le génie du faux. En 1827, il avait eu l’occasion d’approcher de la duchesse de Parme. Il en fut bien accueilli, et il crut voir Elvire.

Pour connaître la vraie Marie-Louise, il faut lire les cinq volumes que lui a consacrés M. Imbert de Saint-Amand, dans ses Femmes des Tuileries, et qui sont le fruit de recherches consciencieuses. Malgré les longueurs, les hors-d’œuvre, ce récit en cinq volumes, parfois un peu trop lyrique, est attachant d’un bout à l’autre. M. de Saint-Amand se fait un scrupule de maltraiter les femmes, il n’aurait garde de les souffleter, même avec une rose. Il n’a pas laissé de juger Marie-Louise comme