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LA
SITUATION MONETAIRE
EN 1886

I.
LA FRANCE ET l’UNION LATINE.

Il se prépare dans le monde commercial, on pourrait dire dans l’ensemble des relations humaines, une évolution considérable dans sa portée, mais mal comprise généralement et dont on s’effraie outre mesure : il s’agit, non pas de la démonétisation de l’argent, comme on le dit communément, mais d’un changement dans le rôle de la monnaie d’argent. Le métal blanc, non moins nécessaire que l’or dans le courant social, devra être limité dans sa force libératoire : son avenir est d’être, au-dessous de l’or, un diviseur et un appoint, de même que le bronze, plus nécessaire et plus employé que l’argent dans les innombrables incidens de la vie réelle, ne peut être, en raison de son abondance, qu’un diviseur et un appoint pour l’argent. Cette transformation est déjà accomplie dans plusieurs pays : elle entre peu à peu et par la force des choses dans la pratique des peuples qui lui résistent théoriquement ; il est inévitable qu’elle se généralise dans un temps plus ou moins long; il n’y a plus d’illusion à se faire sur ce point.