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doute des limites tracées par la règle qu’elles observent ; si toutes les communions rivalisaient indistinctement de zèle pour diminuer le mal auquel l’homme est condamné, on ne pourrait qu’applaudir au sentiment qui les pousse vers la consolation de la souffrance humaine. Oublier tout dissentiment résultant de croyances différentes, pour ne voir, pour ne secourir que le malheur et la misère, c’est peut-être accomplir l’acte religieux par excellence. Jérusalem et Samarie se haïssaient ; le Samaritain ne s’en est point souvenu et il a sauvé l’Hébreu blessé. Cette parabole devrait être le mot d’ordre de toute œuvre charitable.

L’institution des diaconesses, — gardes-malades, directrices morales, maîtresses d’école, — rend d’éminens services. En 1881, elles comptaient en terres protestantes cinquante-trois maisons, — je ne crois pas que le nombre en ait augmenté depuis lors ; — La majeure partie est en Allemagne ; 4,700 diaconesses en dépendent et sont disséminées dans 500 stations, dont plusieurs sont situées dans l’extrême Orient. Si elles font effort de propagande, nous n’avons pas à le savoir, car nous n’avons à les étudier que dans leurs actes de bienfaisance. « Les diaconesses des églises évangéliques de France » ne se sont établies et groupées à Paris qu’en 1841, sous l’impulsion du pasteur Vermeil, qui les installa, rue des Trois-Sabres, dans une petite maison qu’il avait achetée de ses deniers. On y fut bientôt à l’étroit ; deux ans plus tard, on se transporta rue de Reuilly, no 95, dans un immeuble attenant à un terrain considérable et dont la générosité protestante fit les frais, qui s’élevèrent à près de 250,000 francs. Là, on put donner plus d’ampleur à l’institution même, qui fut reconnue d’utilité publique en 1858. À mesure que de nouvelles exigences s’imposèrent, des constructions furent édifiées, qui constituent aujourd’hui un groupe secourable où l’on cherche et où l’on réussit à faire le bien. Porte close, loge vitrée où la diaconesse de service, — j’allais dire la tourière, — se tient en permanence, surveillant les entrées et surtout les sorties, escalier propre, parloir ciré, convenablement meublé, étalant aux murailles quelques portraits lithographies ou photographiés de bienfaiteurs et de bienfaitrices, jardin sablé, murailles blanches, fenêtres munies de barreaux de fer ; est-ce un couvent ? on s’y pourrait tromper ; non, c’est une maison protestante ; la quantité de devises empruntées à l’Ancien et au Nouveau-Testament en fait foi.

Un grand jardin s’allonge entre des murs peu élevés et participe à la verdure des enclos voisins, où s’épanouit la frondaison des arbres. Une petite barrière à hauteur d’appui circonscrit un préau où toute une marmaille joue, danse, s’évertue et se repose, en se trémoussant, des fatigues subies pendant la classe, car nous sommes auprès de