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malaxeurs, tels qu’ils sont en usage dans certaines briqueteries. Dans l’un et l’autre cas, la roche s’est très notablement échauffée, après un temps très court, et sans que les pressions auxquelles elle était soumise fussent considérables. Dans des conditions égales, l’échauffement est d’autant plus élevé que la pâte argileuse est plus dure et plus résistante. Nous sommes donc autorisés à penser que, dans la nature, quand des roches plus cohérentes et moins plastiques que l’argile ordinaire ont été soumises à des actions mécaniques, assez puissantes pour y déterminer un mouvement intérieur, fût-il de faible amplitude, elles se sont trouvées dans des conditions encore plus favorables pour s’échauffer. Il a donc suffi que des masses argileuses subissent un laminage, par l’effet des dislocations de l’écorce terrestre, et soient devenues schisteuses, pour que leur température se soit élevée d’une manière notable.

Mais la chaleur seule, quelque intense qu’on la suppose, ne peut expliquer les effets les plus caractérisés du métamorphisme, non plus que l’uniformité avec laquelle ils se sont produits sur des étendues considérables ; car les roches ont une conductibilité extrêmement faible. D’ailleurs, à l’inverse de ce que donnerait une simple action calorifique, ce n’est pas toujours dans les parties en contact avec les roches éruptives que les effets ont été les plus énergiques. L’eau que toutes les roches renferment, soit dans leurs pores, soit en combinaison, est nécessairement intervenue comme auxiliaire de la chaleur. La nature des minéraux produits, par exemple celle de silicates hydratés, comme la chlorite, non moins que l’uniformité de leur disposition dans de vastes massifs, dénotent l’intervention de cette eau intérieure. Ainsi, dans cet ordre de phénomènes géologiques, où l’on avait pu croire que la chaleur, accompagnée de quelques actions chimiques, avait été le seul agent, l’eau souterraine a encore eu son rôle.


V.

Il fallait à une telle conclusion touchant les causes fondamentales du métamorphisme, bien qu’elle fût justifiée par l’observation, une sanction expérimentale. Pour cela, on devait se placer dans des circonstances aussi voisines que possible de celles dans lesquelles la nature paraît avoir agi, et obtenir la reproduction des minéraux caractéristiques. C’est ce que j’ai autrefois essayé de réaliser.

Pour opérer sous l’énorme pression acquise par la vapeur d’eau, dès que la température s’élève vers le rouge sombre, la difficulté