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encore aujourd’hui, si les eaux métallifères continuaient à affluer. Il devient ainsi possible de préciser toutes les circonstances du régime de ces anciennes sources zincifères.

C’est à l’état de phosphate de chaux ou phosphorite que le phosphore se rencontre le plus ordinairement dans l’écorce terrestre. L’agriculture l’extrait pour ses besoins de certains étages des terrains stratifiés et, dans le groupe crétacé, particulièrement des couches désignées sous le nom de gault, celles mêmes qui fournissent l’eau du puits de Grenelle, Depuis 1855, l’exploitation de ce minéral est surtout active dans les Ardennes, la Meuse, la Marne et la Drôme. Cependant il est connu dans beaucoup d’autres départemens, depuis le Pas-de-Calais jusqu’à la Savoie et le Var. Le même terrain contient abondamment ce phosphate en Angleterre, en Bavière, dans l’Allemagne du Nord, en Russie, ainsi qu’en Espagne et en Portugal. Il n’a pas seul ce privilège, et nos couches jurassiques renferment aussi, en Bourgogne et en Berry, le phosphate de chaux en quantité exploitable. Dans ces divers gisemens, le phosphate affecte souvent des formes animales, d’ossemens, par exemple, annonçant qu’il a passé par la vie. Mais, lorsqu’il se présente dans les roches éruptives et dans les filons métallifères, son apparition est tout à fait indépendante de l’action des êtres organisés. De même que les métaux, le phosphore aujourd’hui contenu dans les terrains sédimentaires provient principalement des réservoirs intérieurs du globe, d’où il a été apporté également par le véhicule des sources thermales. Mieux encore que nos amas du Quercy (Lot et Tarn-et-Garonne), les importans gîtes de l’Estramadure le démontrent ; la phosphorite associée au quartz y constitue, en effet, de nombreux filons verticaux, qui ont été remplis de bas en haut. Accidentellement, la substance a pénétré dans des couches calcaires et en a moulé les fossiles, apportant ainsi une nouvelle preuve de précipitation humide.

Bien plus fréquemment encore que toute autre substance, le quartz s’est épanché dans de puissans filons. Le plateau granitique de la France, la Bretagne, les Vosges et les Pyrénées en offrent d’innombrables exemples. Ces filons de quartz, nous l’avons déjà dit, se décèlent souvent de loin. Outre le quartz cristallisé, ils contiennent parfois des parcelles de minerais métalliques et présentent ainsi des transitions avec les filons métallifères proprement dits. La texture rubanée de la calcédoine et de l’agate, qui abondent dans ces filons, et mieux encore la manière dont ils se rattachent à des dépôts exactement de même nature, enclavés dans les couches voisines, viennent confirmer leur origine aqueuse et permettre d’en préciser l’âge. Ainsi, dans le département de la Loire et lieux voisins, ces sorties de quartz sont survenues à la suite d’éruptions de