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été apportées. de ce fait, on avait d’abord induit que l’ascension des minéraux filoniens s’était produite par sublimation ou au moins par fusion. Plusieurs circonstances montrèrent bientôt l’inexactitude de cette conclusion. Les échantillons des collections apprennent, à eux seuls, que leurs divers minéraux se sont précipités les uns à la suite des autres, en se superposant dans un ordre tout à fait différent de leur degré de fusibilité et de volatilité. Il est d’ailleurs à noter que la plupart d’entre eux se rencontrent en dehors des filons et dans des circonstances où ils ne peuvent avoir été déposés que par l’intermédiaire de l’eau.

Ces vues, que l’observation directe de la nature avait suggérées à Élie de Beaumont, ont été vérifiées expérimentalement par de Sénarmont. En opérant dans des tubes fermés, sous pression et à une température bien supérieure à celle de l’eau bouillante, cet homme éminent était parvenu, au moyen des substances les plus communes, à reproduire les espèces minérales caractéristiques des filons : le quartz, la baryte sulfatée, la fluorine, les pyrites de fer et de cuivre, la blende, l’antimoine sulfuré, l’argent rouge, le fer spathique, le zinc carbonate; tous ces minéraux de laboratoire, à l’état cristallisé, ressemblent complètement à leurs analogues naturels. La formation contemporaine de la plupart d’entre eux constatée dans le bassin des sources actuelles, comme à Bourbonne-les Bains, vint plus tard confirmer et compléter cette démonstration.

Les fractures profondes ou failles, qui sillonnent en si grand nombre l’écorce terrestre, ont donc subi des destinées différentes dans la série des siècles. Les unes sont demeurées vides ou ont été seulement remplies par des fragmens détachés de leurs parois. D’autres ont fourni une voie de sortie à des roches éruptives pâteuses, par exemple à des basaltes et à des porphyres. Il en est enfin, et ce sont celles qui nous occupent en ce moment, qui ont servi de canaux aux émanations métallifères, par l’intervention de l’eau.

Ce n’est pas toujours dans les failles que ces exhalaisons se sont portées. Souvent elles ont comblé des interstices de formes irrégulières et très variées, constituant alors des amas filoniens, tantôt juxtaposés à des roches d’éruption, comme s’ils étaient venus à leur suite, tantôt enchâssés dans les terrains stratifiés. Quelles que soient leurs formes, ces divers amas sont souvent en rapport avec des failles qui ont servi d’évens à des émanations, en partie aqueuses, de l’intérieur de la terre.

Parmi les dépôts métallifères de cette dernière catégorie, quelques-uns, mieux encore que les filons, démontrent l’intervention d’eaux minérales ou thermales. Les amas de peroxyde de fer hydraté, fréquens en Berry, où les Romains les ont exploités, en Périgord,