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chacune desquelles correspond un diaconat chargé d’administrer la charité, comme aux temps de la primitive église, lorsque les lieux d’hospitalité annexés aux monastères et aux cathédrales s’appelaient des diaconies. Les diaconats de Paris ont une fortune individuelle formée par des legs dont le revenu appartient aux pauvres. Cela ne suffisait pas aux nécessités qui s’imposent, aux infortunes qu’il est urgent de soulager. Sous peine d’être contraints de se détourner du malheur qui appelle à l’aide, de l’enfance délaissée, de la vieillesse impotente, des repentis des deux sexes que l’on ne peut repousser, il faut constituer un fonds de secours, une sorte de caisse de miséricorde où s’accumule l’offrande et où puise la charité. Un seul moyen pour parvenir à ce résultat : la quête dans les temples à l’heure du culte, lorsque le pasteur est en chaire. Le produit des collectes varie selon les paroisses ; tandis qu’ici l’on récolte les pièces d’argent et les joyeuses monnaies d’or, là on ne reçoit que quelques sous rongés de vert-de-gris, obole de la pauvreté donnée à la détresse. Chaque dimanche, la quête est faite pendant le service ; dans les paroisses riches, la moyenne est de 150 à 200 francs ; dans les paroisses pauvres, elle s’élève rarement au-dessus de 5 francs. Ce n’est pas avec des sommes si minimes que l’on réussit à faire le bien d’une façon profitable ; aussi, deux fois par an, une collecte est prescrite, on peut même dire ordonnée, par ce que l’on nomme la délégation générale, qui est composée des représentans élus de chacune des huit paroisses. À cette injonction de l’église réformée, on obéit ; les ressources augmentent aussitôt et deviennent réellement secourables ; mais l’écart de la perception est naturellement le même que dans les quêtes dominicales ; ainsi, au temple du Saint-Esprit, qui est situé rue Roquépine, dans un quartier opulent, la recette est de 15,000 francs, tandis qu’elle atteint à peine 200 francs à Belleville.

Une telle disproportion constituerait un inconvénient grave, si les paroisses avaient la propriété exclusive des offrandes reçues chez elles ; si elles avaient le droit de les distribuer à leurs pauvres, il en résulterait que les paroisses indigentes seraient réduites à la misère et que les paroisses riches auraient des ressources qui dépasseraient leurs besoins. Grâce à une disposition ingénieuse, l’inégalité disparaît. Le produit de toutes les quêtes et de toutes les collectes est déposé à la caisse centrale, qui a son siège au temple de la rue de l’Oratoire-Saint-Honoré, et il est ensuite partagé entre les huit paroisses, selon le nombre de leurs assistés ; de cette façon, la balance est rétablie, car la valeur des secours équivaut à la quantité de pauvres qu’il convient de secourir. C’est ce que dans les diaconats on nomme « l’insuffisance. » De ce seul chef, l’église